Le Livre de Mormon, sous-titré Un autre témoignage de Jésus-Christ compte parmi les bouquins canoniques de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, et plus particulièrement, on s'en doute, de différentes déclinaisons de la mouvance mormone. Son histoire, détaillée dans Wikipedia, vaut tout de même de détour...
Or, s'il est un bonhomme dont on n'aurait pas forcément pensé qu'il put consulter ce fameux ouvrage, c'est bien Léon Tolstoï, le Leviathan de la littérature, comme disait Virginia Woolf. Homme perturbé (qui a dit comme tous les auteurs russes ?), la présence du Livre de Mormon dans sa bibliothèque n'était pas sans faire sourciller les uns et les autres.
Et plus particulièrement un couple de Washington DC, qui le découvrit avec étonnement. D'autant plus que l'épouse, native de Moscou, possède une grande connaissance de l'histoire littéraire de son pays. Pourtant, alors que l'église mormone n'a pas envoyé de missionnaires en Russie, la présence du livre posait problème.
En fait, il s'agirait d'un don fait au romancier par la fille d'un avocat spécialisé dans le droit des femmes, Susa Young Gates, qui entretint une longue correspondance avec Tolstoï. Résidante de l'Utah, il lui était facile d'accéder à un tel ouvrage, et en effet, le couple a pu découvrir l'exemplaire en question.
« Si le mormonisme est capable de persister, sans changer, jusqu'à ce qu'il atteigne la troisième ou quatrième génération, il est destiné à devenir la plus grande puissance que nous n'aurons jamais vue au monde », aurait même commenté Tolstoï. Si cette phrase reste éminemment soumise à caution, il semblerait bel est bien que le romancier russe ait nourri une vive fascination et un respect profond pour ce mouvement religieux...
À partir de 1870, Tolstoï avait entamé une quête spirituelle et religieuse, qui se reflète largement dans ses oeuvres - Anna Karenine en est l'un des exemples les plus flagrants, juste avant qu'il n'écrive Ressurrection, en 1899...