Sophie Cadalen

Une femme débarque au commissariat de police pour avouer son crime. Elle a tué son mari lors de leur nuit de noces. Sommée de s'expliquer, elle choisit de prendre son temps, et de raconter comment et pour quelles raisons elle en est arrivée à ce geste fatal. Son époux, trop curieux, lui avait demandé de lui parler des Autres, ses anciens amants. Et elle s'était pliée à sa volonté, bon gré mal gré au départ, et avec un certain plaisir sadique au final. L'envie de savoir était chez cet homme plus fort que le dégoût de plus en plus prononcé que lui inspirait sa compagne. Mais la liste des Autres s'allongeant et les détails de leurs ébats se faisant plus crus, il eut de plus en plus de mal à contenir sa colère… Les Autres est un roman qui revendique le plaisir féminin comme quelque chose de légitime. Avoir de nombreux amants, des rapports sexuels pas forcément mus par l'amour, n'est pas dégradant pour une femme. C'est ce que clame Sophie Cadalen, psychanalyste. Cependant, les hommes sont-ils prêts à l'entendre ? À se confronter à cette réalité : non, ils ne sont pas les seuls, et pas forcément les meilleurs amants qu'une femme ait connus. Et les femmes elles-mêmes sont-elles prêtes à l'assumer ?

Une femme arrive en pleine nuit dans un commissariat. Elle vient de tuer son mari. Elle ne précise pas qui est cet homme ni où se trouve son corps. Elle veut d'abord être écoutée. Elle veut leur dire ce qu'elle lui a dit cette nuit, elle veut tout répéter pour ne pas regretter. Cet homme lui avait posé la question de son passé, des autres avant lui. Elle a décidé de raconter, et de ne pas mentir. Elle a tenté de lui faire entendre - à lui, puis aux flics qui l'écoutent l'incomparable des amours, l'exceptionnel de chacun d'eux. Sans chronologie aucune, elle déroule des souvenirs, des fulgurances torrides, des sensualités déroutantes, des expériences jamais renouvelées, des ratés et des surprises. Et puisqu'il exigeait d'elle qu'elle renie ces autres avant lui, elle l'a tué. C'était sa seule façon de se sauver, de sauver sa vie de femme à la rencontre des hommes. De sauver aussi cet amour-là, qu'elle refusait d'encombrer de mensonges et de culpabilités.

La psychanalyse aujourd'hui n'a pas toujours bonne presse. "Trop longue, trop chère, est-elle seulement efficace ? ..." On lui oppose des techniques plus performantes, faisant du bon vieux divan de Freud un accessoire désuet. Qu'on l'idolâtre, qu'on l'enterre ou la méprise, elle n'indiffère pas. Sophie Cadalen ne prétend pas défendre la psychanalyse, elle ne rejette pas les autres méthodes : il y a diverses façons d'aborder l'humain, d'accompagner et d'alléger sa souffrance. Mais, après des années de pratique, elle reste convaincue de la puissance du travail psychanalytique, et ne cesse d'être surprise par les effets du divan. Dans cet ouvrage, elle a souhaité raconter l'irracontable des parcours psychanalytiques, parler de ses débuts, de ses rencontres, de ses réussites comme de ses échecs. Avec un franc-parler et un humour qui rendent ce livre passionnant et jubilatoire, Sophie Cadalen évoque ses patients : le jeune homme qui l'endormait en séance, la femme qui ne disait rien, celle qui affirmait être la plus belle, le gay homophobe, les patients "trop" charmants ou très désagréables. Elle aborde aussi la question de l'argent en thérapie, des traumatisés des attentats, des victimes du confinement, du fameux "transfert", de la puissance des mots, des succès inattendus... Ce livre salutaire, d'une grande richesse humaine, ne manie aucun jargon ni aucune langue de bois. Sophie Cadalen dit les audaces de ceux qui s'aventurent sur le divan pour se libérer, pour être des sujets désirants. Pour vivre.