Composé de restes fossiles de plantes, le lignite est une roche sédimentaire, intermédiaire entre la tourbe et la houille. Charbon composé de 50 à 60 % de carbone, il est utilisé en partie pour le chauffage ou la production d'électricité. Mais c'est avant tout un carburant peu rentable, donc peu transporté.
Dans la petite ville de Röken où Nietzsche est enterré, près de l'église, avec une superbe orientation sud, on trouve trois tombes. La sienne, et celles de son frère et de sa soeur. Le tout se trouve à proximité de Leipzig, dans l'ex-Allemagne de l'Est.
MIBRAG est une société qui produit de l'énergie. Pilotée par des fonds américains. Et depuis juillet 2006, elle sonde les sous-sols de Röken, et elle y a trouvé un gisement de lignite, dont l'exploitation commencerait en 2015. Et pour l'adjointe du bourgmestre, le problème est simple : il faudra quitter la ville à ce moment. 1000 habitants seront touchés, parce que pour le lignite, on ne ménage pas sa peine : une fois commencés, les hectares d'exploitation s'enchaînent à une vitesse gloutonne.
Un tombeau pour l'écologie
L'exploitation du lignite, dans l'est de l'Allemagne, c'est une tradition. Et comme MIBRAG doit remplacer deux centrales électriques obsolètes, et que c'est tombé sur Leipzig, il faut exploiter au plus près de la centrale. C'est ce que l'on vous disait en introduction.
La conservatrice du musée explique que « la MIBRAG peut très bien déménager l'église et les tombes. Ce n'est pas un problème pour elle ». D'autant que « l'œuvre de Nietzsche, en raison des manipulations de sa sœur, a longtemps été suspecte d'avoir servi de terreau à l'idéologie nationale-socialiste. Les communistes avaient préféré l'oublier. On ne redécouvre ses véritables écrits que depuis peu ».
Gagner du temps
Avec des pétitions, on joue la montre dans le village. La résistance s'organise, et l'on prie pour que le lignite comme source d'énergie soit abandonné. Surtout parce qu'il en faut beaucoup pour un peu d'énergie. L'Europe pourrait venir au secours de Nietzsche, avec sa législation sur les réductions d'émissions de CO2.
Qui l'eut cru ?