Pour comprendre les tensions qui agitent l’Université de Dakar, il faut remonter au 14 août dernier, date à laquelle un étudiant a été mortellement blessé dans le cadre d’affrontements avec la police. Hier, une grève illimitée a été décidée par plusieurs associations d’étudiants.
Le jeudi 14 août, des manifestations ont été organisées par les étudiants de l’université. En cause : un retard dans le paiement des bourses, l’opposition à la réforme scolaire, dénonciation de la présence policière sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop. Lors des affrontements, un jeune étudiant Mathématiques-Physique a trouvé la mort, ce qui n’a rien fait pour apaiser les tensions qui existent depuis maintenant plusieurs mois. Bien au contraire.
Plusieurs étudiants expliquent que certaines bourses n’ont pas été payées depuis dix mois. Les syndicats insistent en outre sur le rôle fondamental des bourses pour les étudiants originaires des régions rurales défavorisées. C’est l’une des raisons pour laquelle les étudiants manifestaient le 14 août. Selon des témoins, la manifestation a rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre.
Face à cette situation, les responsables du Syndicat des enseignants du supérieur ont demandé au président de la République sénégalaise, Macky Sall, d’écourter ses vacances en France.
Du reste, les tensions ne sont pas nouvelles. Il y a un an, les étudiants sénégalais protestaient contre la réforme de l’Enseignement supérieur. Ils entendaient ainsi remettre en cause l’augmentation des frais d’inscription ainsi que les nouveaux critères d’attribution des bourses.
De plus, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (SAES) s’oppose aussi fermement à la présence policière à l’intérieur même de l’université. Sidy Ababacar Ndiaye (secrétaire permanent du SAES) a déclaré à ce sujet : « Depuis le 21 novembre dernier, le recteur a autorisé la présence de la police de manière permanente dans l’université, afin de terroriser les étudiants ».
De son côté, le Syndicat des travailleurs de la justice demande à l’État sénégalais de « revoir sa politique scolaire et universitaire pour un mieux-être social. » Le syndicat précise par la même occasion que « rien ne peut justifier les violences perpétrées dans les franchises universitaires. »
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Jeff Attaway
Dakar Senegal - Looking North
CC BY 2.0