La blogueuse et gourou du bien-être Belle Gibson (de son vrai nom Natalie Gibson) criait sur tous les toits qu’après un cancer éprouvant, elle avait retrouvé la santé grâce à une recette miracle alliant régime de vie cadré et alimentation saine. En 2015, en pleine promotion de son livre de cuisine, The Whole Pantry (éd. Penguin) et en pleine phase de lancement d’une application, The Whole Pantry App (sur Apple Watch), son secret a été débusqué. À cause de son mensonge, elle risque maintenant de payer jusqu’à 1,1 million $ (dollar australien).
Belle Gibson affirmait à qui voulait l’entendre qu’elle avait trouvé la solution miracle à la guérison de son cancer du cerveau. Et ce, de manière totalement naturelle. Bien sûr, un tel témoignage ne pouvait laisser personne indifférent et pouvait procurer un sentiment de délivrance à beaucoup de lecteurs et, en premier lieu, de malades. De grands groupes, tels qu’Apple et Penguin, avaient mordu à l’hameçon, certainement séduits par l’audience qu’ils pourraient potentiellement atteindre. L’un a produit une application (The Whole Pantry App) et l’autre s’est lancé dans une vaste campagne de médiatisation, après publication d’un livre (The Whole Pantry).
La soi-disant philanthrope promettait, dans un élan de grande générosité, d’utiliser l’argent pour fournir des kits d’accouchement pour les femmes dans les pays en développement, mais aussi de collecter des fonds pour un garçon en phase terminale, le financement d’accueil pour les demandeurs d’asile ou encore la construction d’une école en Sierra Leone. Une belle âme.
Mais c’était sans compter la détermination de deux journalistes, Beau Donelly et Nick Toscano, décidés à aller voir d’un peu plus près les ressorts d’une si belle histoire. Progressivement, les deux journalistes se sont rendus à l’évidence : rien ne tient debout dans le storytelling bien calibré de Belle Gibson. Celle qui avait promis que tous les fonds levés seraient reversés à cinq organismes de bienfaisance n’a pas tenu sa promesse (les fonds avoisinaient plusieurs centaines de milliers de dollars australiens).
Qu’a-t-elle fait de l’argent gagné avec la vente de son best-seller ? Location d’un loft en bord de mer et d’une voiture de luxe, pièces de créateurs, voyages de rêve... Des bienfaits qu’elle s’offrait finalement à elle-même. Dans le journal The Age, les deux journalistes Beau Donelly et Nick Toscano ont résumé les risques qu’elle encourait : « Belle Gibson devrait écoper de plus de 1 million $ de pénalités pour avoir profité de fausses déclarations concernant sa maladie, et pour avoir orchestré une escroquerie mondiale qui a donné de faux espoirs aux personnes gravement malades, et dupé les multinationales telles que Apple et Penguin (avec lesquelles elle a collaboré) [...]. »
A 23 ans, la jeune fille n’aurait, selon sa mère, aucun remord, alors même qu’elle a construit toute une mythologie autour de sa famille : Belle Gibson avait raconté que, dès l’âge de 5 ans, elle avait du s’occuper de toute sa famille, notamment son frère, prétendument autiste. Sa mère, avec qui elle n’est plus en contact depuis quatre ans, dément cette version, pleine de pathos.
En guise de dédommagement, la maison Penguin a accepté de payer 30.000 $ d’amendes parce qu’elle avait pris pour argent comptant les déclarations erronées de l’auteure dans son livre. Le bureau de la consommation de Victoria (CAV) a publié une pétition, présentée à la Cour fédérale, pour poursuivre la société de Belle Gibson, actuellement en cours de liquidation. La dette de Belle Gibson s’élève actuellement à 140.000 $. Dans l’hypothèse où les charges seraient retenues, l’auteure devra régler une amende d’une valeur de 1,1 million $.
Belle Gibson est maintenant dans de beaux draps.