Semaine des crêpes ? Qu'à cela ne tienne avec le cidre vous rajouterez la nouvelle galette Play de Nicolai Dunger dans les bacs le 19 janvier. Comment ? vous ne savez pas comment on fait une crêpe rock ? La recette est si simple pourtant. Vous vous souvenez de notre saladier magique ?
Avant de commencer, assurez-vous que vous avez dans vos placards la farine appelée vulgairement « abbaienne ». Oui, en fait, parce que Nicolai Dunger est suédois il faut une farine provenant de Suède un peu dans la même veine de Nina Kinert. Alors, pour 8 à 10 personnes prenez s'il vous plaît quatre œufs. Quatre œufs qui se choisissent dans le grand coffre du rock expérimental. Le premier aura l’ambiance Radiohead, le deuxième l’énergie Pixies, le suivant les influences King Crimson ou Neil Young et le dernier sera la perle rare.
Parce que Nicolai Dunger fait parti de cette communauté d’artiste inclassable, unique et puissant. Vous pensez au rhum au doux parfum du folk. Vous ajouterez un demi-litre de voix laiteuse de Nicolai et pénétrante à la Jeff Buckley et mélangez le tout. Oui, je sais, c’est un produit très rare, mais quand on veut se régaler, on ne compte pas !
La crêpe Jiji, saisie dessus dessous
Play est tout simplement le seizième album de toute sa carrière (incluant ses passages dans différents groupes). Mais Nicolai Dunger s’est fait réellement connaître il y a dix ans avec l’album Soul Rush accessible (et vous devez vous souvenir de ce titre qui l’a révélé «Something in the Way »). Play est l’album réfléchi, posé, canalisé. Il fait suite au décès de sa mère prématurément. Une grande mélancolie orne l’album et pourtant nous emporte dans un tourbillon des sens.
Play est à la croisée des chemins de la folk (« Crazy Train », « Can You », « Entitled to Play ») et du blues. Avec Play vous retrouvez Nicolai avec un son qui lui est propre, qu’il entretient, qu’il galvanise. Merci à Nina Persson pour sa participation vocale sur « Tears In a Chid’s Eye » très mélancolique et porteur de douceur. L’album parfois vif s’engouffre dans des ballades mielleuses à contre sens avec entre autres « The Girl With The Woolen Eyes ». Et pourtant, quand on pense que la crêpe sera amère, Nicolai chante « When Your Work Is Done » comme une chanson toute sucrée, comme susurré rien pour nous.
Un son multicolore
À l’écoute de Play plusieurs références nous viennent. Comme la guitare d’Elvis sur « Tim Left To Spend » qui s’oriente vers un saxo à la Bowie. Puis nous avons l’ambiance expérimentale de Radiohead sur « Razzia » ou encore « Final ». Il y a même quelques notes égarées de « La poupée qui dit non » sur « Many Years Have Passed ».
Play est une rencontre avec un Nicolai Dunger qui a su canaliser toute son énergie, puiser dans sa tristesse ce qu’il y a de plus positif et s’enfermer dans une création réussie. Un album très bien arrangé, fidèle à la réputation de Nicolai. Un vrai plaisir feutré, calme, doux avec crêpe et cidre et chocolat, et miel et noix et…