Le double prix Booker, Peter Caerey s'est hier prêté au jeu pour le plaisir des bibliophiles d'une librairie d'Ottawa : il a offert une séance de lecture aux personnes présentes, sans même quitter son fauteuil... à New York.
Comment un prodige semblable est-il possible, quand 700 km séparent les deux villes ? Simple : la webcam. Et Internet. Et voilà que les amateurs de His Illegal Self, le dernier roman de l'auteur ont assisté à une lecture publique, durant laquelle Carey pouvait marquer une pause pour foncer dans son frigo chercher une part de tarte. En se posant devant la webcam de son ordinateur, Carey n'avait plus qu'à attendre le "top" et entamer la lecture.
Craig Poile, le propriétaire de la librairie a passé sa journée à mettre au point un projecteur, un écran géant dans sa boutique, et à faire la promotion de cet événement. « Avec la concurrence exercée par les vendeurs en ligne, et les grosses chaînes, nous [les libraires indépendants] avons besoin d'idées neuves de programmes pour attirer les clients et les inciter à entrer dans le magasin. »
Et à part, Poile avoue qu'il est encore plus compliqué d'attirer les auteurs à Ottawa, particulièrement en cette saison, et en dehors de leurs tournées de promotion. La maison RandomHouse, elle n'a pas émis de protestations, comprenant que les visites d'auteurs sont rares dans ces villes. La faute au budget alloué, ou aux auteurs qui ne souhaitent pas faire le déplacement.
L'initiative s'est fort bien déroulée, le tout s'opérait en diffusion directe (streaming). « Il s'agit d'une façon différente d'assister à une lecture publique, qui ne remplacera pas la lecture traditionnelle », laquelle confère le plaisir de rencontrer en plus l'auteur en personne. Une auteure récompensée du Prix Booker était également apparue dur le devant de la scène, non pour une lecture publique mais pour fustiger la censure en Chine.