Le New York Times a annoncé ce lundi 27 mai 2019 la mort de Robert L. Bernstein, à l'âge de 96 ans. Il était connu comme le fondateur de l’organisation Human Rights Watch (HRW) et l'un des présidents de la maison d'édition Random House. L'ancien éditeur était également connu pour avoir été un fervent défenseur de la dissidence politique et de la liberté d’expression.
Robert Louis Bernstein (crédits : Yale University)
Aux origines de Random House
Robert L. Bernstein a réussi à propulser Random House au rang de géant international de l'édition, au moment où les mondes de l'édition et des droits de l'homme se chevauchaient pendant la guerre froide. À la tête de la maison d'édition de 1966 à 1990, il a eu la chance de publier de nombreux auteurs américains, dont James A. Michener, Toni Morrison, William Styron, Norman Mailer, Gore Vidal, E.L. Doctorow et Robert Ludlum.
Malgré les critiques, il a également publié les auteurs dissidents soviétiques Andrei D. Sakharov, Yelena G. Bonner et Arkady N. Shevchenko ainsi que le journaliste argentin Jacobo Timerman et l'écrivain révolutionnaire tchèque Václav Havel. Random House est devenu à cette époque le plus grand éditeur mondial de livres d’intérêt général.
Les revenus sont passés de 40 millions de dollars à 850 millions de dollars par an. Bernstein en a profité pour acquérir de nombreuses maisons d’édition américaines, notamment les groupes Crown Group, Vintage, Ballantine, Fawcett et Schocken.
Néanmoins, malgré tous ces progrès apportés au groupe Random House, Bernstein est évincé par S.I. Newhouse Jr. en novembre 1989, dont la famille était propriétaire de l'empire de l'édition qui avait acheté Random House en 1980. C'est Alberto Vitale, président et chef de la direction de Bantam Doubleday Dell, qui lui succède en janvier 1990.
Un défenseur des Droits de l'Homme
Pendant des années, Bernstein avait beaucoup voyagé pour enquêter et dénoncer les violations des droits de l'homme afin de faire pression sur les différents gouvernements mondiaux. Depuis 1978, il avait commencé à fonder des groupes de surveillance des droits dont Helsinki Watch, Americas Watch et Asia Watch. L'ensemble de ces groupes a décidé de fusionner en 1988 pour former Human Rights Watch. L'organisation est récompensée par le prix Nobel de la paix neuf ans plus tard, en 1997.
Sous sa présidence et même après la démission de Bernstein, en 1998, Human Rights Watch a continué à dénoncer activement et mondialement le génocide, la torture et les crimes de guerre en Afrique et en Amérique centrale, ainsi que la corruption politique, les violations de la justice pénale et la discrimination raciale et sexiste.
Néanmoins, le fondateur a prouvé dans un article d'opinion, publié en 2009 dans le New York Times, qu'il continuait de surveiller de près son ONGI. Bernstein avait en effet accusé Human Rights Watch de condamner « beaucoup plus » de violations des droits de l’Homme en Israël que dans d’autres pays du Moyen-Orient gouvernés par des « régimes autoritaires au bilan catastrophique en matière de droits de l’Homme ». Une critique que l'organisation avait rejetée, en affirmant que leur ancien président avait soutenu leur démarche.
Le salon du livre de Genève
contre l'antisémitisme
En 2011, à l'âge de 88 ans, il avait fondé, à sa grande surprise, une nouvelle organisation appelée Advancing Human Rights, qu’il a également présidé. «
Je n'avais jamais imaginé qu'à l'âge de 88 ans, je fonderais une nouvelle organisation de défense des droits de l'homme, mais je le fais par nécessité, car je pense que certaines tendances nuisent énormément aux démocraties du monde entier », avait-il déclaré au New York Times.
via New York Times.