Nous vous en parlions, il y a quelques semaines, les magasins ont créé il y a peu le prix spécial Littérature jeunesse. Depuis plusieurs années, cette chaine de magasins culturels encourage les jeunes auteurs et en a révélé plusieurs. Il ne manquait que la littérature jeunesse et c'est donc chose faite ! Ce prix est d'autant plus intéressant que le livre des gagnants restera présent dans les librairies du groupe pendant un an.
Actualitté (CC BY-SA 2.0)
Lundi soir, dans le tout nouveau Cultura du quartier de la Défense aux abords de Paris, une belle remise de prix a consacré deux romans. Le prix des libraires des différents magasins de la chaine a été remis sous l'œil bienveillant du parrain de ce premier prix Érik L'Homme à Loïc Le Pallec pour son roman paru fin aout 2013 aux éditions Sarbacane, dans la collection Exprim', No Man's Land.
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Le deuxième prix de la soirée a été remis par de jeunes lecteurs, une cinquantaine, au roman Enzo, 11 ans, Sixième 11 de Joëlle Ecormier aux éditions Nathan. L'auteure n'a pas pu être présente à la soirée et habitant à la Réunion elle à fait lire à Eva Grynszpan, la responsable d'édition fiction 8 ans et +, un joli petit discours que nous avons réussi à nous procurer…
Bonsoir à tous et à toutes,
Un auteur qui reçoit un prix est la plupart du temps si étonné, flatté, content et aussi un peu gêné, que pour ne pas céder à la tentation de se remercier lui-même de n'avoir pas écrit un trop mauvais livre, il préfère remercier tout un tas d'autres personnes : ses parents qui l'ont mis au monde et inscrit à la bibliothèque dès sa naissance, sa maîtresse d'école qui a compris tout de suite qu'il était le nouveau Flaubert, son éditeur ou éditrice qui pense la même chose, son papetier qui lui fournit toujours des carnets à spirale au papier grenu introuvables, et réservant le meilleur pour la fin, l'organisateur du prix en faisant de lui l'élu, augmente considérablement son capital confiance.
Il y a quelques avantages pour un auteur lauréat à ne pas être présent à la remise de son prix :
1 - Il ne perd pas un temps fou devant sa garde-robe pour savoir ce qu'il va bien pouvoir se mettre.
2 - Il ne court pas le risque de rougir ni de bégayer lors de son petit discours en public. . .
3 - Il peut dire à peu près tout ce qu'il a envie de dire puisqu'il ne court justement aucun risque à part peut-être celui de fâcher définitivement son éditrice, pardon Éva, qui ne se doutait pas en acceptant de porter ma parole qu'elle allait aussi porter la honte de sa vie parce que je ne vais remercier personne.
Je vais commencer par ne pas remercier Élisabeth Brami qui m'a demandé de lui écrire une histoire de 6ême, cette chère Élisabeth que je n'aurai plus jamais le droit de décevoir maintenant que j'ai le prix Cultura.
Je ne remercie pas les lecteurs qui ont aimé mon roman et qui, sans le savoir, me feront travailler encore plus dur pour le prochain, histoire de rester à la hauteur de leur estime.
Je ne remercie pas le nombre 11 qui m'obsède encore maintenant au point que j'ai été obligée d'attendre qu'il soit 11h11 pour envoyer ce mail aux éditions Nathan.
Je ne remercie pas Cultura qui va laisser mon roman bien en vue dans tous leurs magasins pendant une éternité, laissant ainsi les gens supposer que je n'ai écrit rien de meilleur depuis, ce qui est un peu vrai, mais bon.
Je ferai juste une petite entorse à mon ingratitude : je vais applaudir des deux mains Cultura de clamer haut et fort que la jeunesse a du talent ! parce que c'est pas si souvent qu'on le dit. Et puis je ne résiste pas non plus au plaisir de saluer le parrain du prix, Érik L'Homme, rencontré lors d'un salon de jeunesse à la Réunion, mon île du bout du monde d'où j'adresse à tous mes salutations tropicales ainsi que mes sincères non-remerciements pour ce beau prix.
Saint-Denis, Ile de la Réunion 30 juin 2014
Joëlle Ecormier
Vivement l'année prochaine pour découvrir les nouveaux talents de ce nouveau prix qui promet plein de bonnes choses…