Voici l'histoire d'une autre émancipation de la femme, qui débute dans ces premiers mois des années 80. Une étudiante est interviewée pour un grand journal et, tout juste diplômée, elle fait une déclaration fracassante, contre la communauté universitaire. Une déclaration d'indépendance ferme, résolue, et qui ne souffrira aucune exception. Tous corrompus, tous pourris, et sans avenir. La doctrine 'No Future' est en vogue, encore un peu…
Mais Jane ignore encore que le guêpier dans lequel elle va se foirer sera plus dangereux encore. Elle finira en effet par quitter Ben, son petit copain du moment, sans trop de classe ni d'élégance, en fait. Ben est un preux fermier, certes, poète à ses heures et sûrement compagnon attentionné, mais rien d'assez impressionnant pour rivaliser avec Neil, un universitaire plus âgé, dont le charisme ne fait pas un pli.
C'est avec une promesse d'ailleurs méphistophélienne que Neil conquiert Jane. Il lui promet de tout lui dire des hommes, sur eux, leur existence… Elle aura le savoir absolu, connaîtra tout de cette espèce, de la vie, et des belles choses, à la condition expresse d'abandonner dans les mains de Neil toute volonté. Et de s'en remettre à ses conseils précieux pour mener sa vie.
Par amour, bien entendu, Jane va accepter.
Ce même amour qui va également lui faire tout perdre.
Neil est subtil, fin, avec un esprit virevoltant et une note quelque part entre le dilettantisme et l'excentrique mesuré. Plus influent que Jane, il la dévore littéralement, et lui fait adopter ses propres goûts. Il fascine, mais surtout façonne l'ancienne étudiante un peu perdue. Jusqu'à ce jour : une femme élégante, de quelques années son aînée, l'attend au pied des marches de l'immeuble qu'elle et Neil occupent.
C'est la femme du professeur. Bien entendu.
Alors, le contrat faustien passé entre Jane et Neil, où Marguerite aurait pris soudainement la place du bon docteur dans le pacte, soudain se renverse. Et voilà que le diable se fait retourner la peau à l'envers, par la toujours douce, mais bien moins naïve, Jane. Ayant découvert le pot au rose, Jane fait vivre l'enfer à son mari, parti, revenu, et reparti entre temps. Avant de se décider à l'épouser.
Une histoire d'amour très complexe, et new-yorkaise jusqu'au bout de ses contrats de mariage, mais avant tout, une nouvelle qui jongle, roule, et se déverse avec une simplicité mordante. Oh elle ne s'épargne pas, pour courte qu'elle soit, une ou deux longueurs - comme cette voûte de cendres que Jane veut déverser pour faire le deuil d'un ancien amour.
Une séquence très américaine pour le coup, mais on n'échappe pas non plus à la petite sensiblerie facile, quand bien même on sait déborder d'ironie.
Promenade avec les hommes reste une aventure sentimentale caustique, mais tendre, où la place de la femme est toujours à prendre, voire à affirmer, ou conquérir.
Les hommes sont tous menteurs, trompeurs, jaloux, et ainsi de suite. Ce n'est pas nouveau. C'est juste joliment dit.