Dans ce petit village de Touraine, une dynamique association culturelle invite, depuis des années, des écrivains à passer quelques mois en résidence d'écriture, les logeant dans l'ancien presbytère.
Théo, écrivain togolais, accueilli comme tous ses prédécesseurs par la plupart des membres de l'association au cours d'un sympathique pique-nique, commence à faire connaissance avec les uns, avec les autres.
Alors, au fil des rencontres, des découvertes, Théo couche sur le papier quelques portraits des habitants croisés autour d'un café au bar de l'unique café-restaurant du village ou bien au cours de promenades champêtres ou encore lors de soirées organisées chez eux et auxquelles il est, bien sûr, invité.
Le séjour campagnard de cet écrivain qui lui ressemble donne à l'occasion d'élaborer une galerie de portraits qui s'imbriquent les uns dans les autres pour créer une petite communauté mi-branchée, mi-artistique, un peu soixante-huitarde sur le tard, exilée, pour certains de ses membres, de la région parisienne et venue se mettre au vert à quelques encablures de la capitale : assez loin, assez près !
Ces quelques tranches de vies croquées avec beaucoup de finesse ne manquent pas d'attrait même si, pour moi, elles présentent deux petites lacunes pouvant être désagréablement ressenties.
D'abord elles sont très « culturo-centristes », oubliant définitivement ceux qui ne gravitent pas autour de l'association. Même le patron du café n'est qu'une ombre. Les agriculteurs, dans leurs champs, ne sont, eux, que des tracteurs solitaires qui labourent la nuit à la lueur de leurs phares.
Ensuite, elles sont très « culturo-gauchistes ». Il semble que, pour Théo ANANISSOH, ne peut être que de gauche celui ou celle qui a quelques prétentions culturelles ou artistiques et, par conséquent, que de droite tout ce qui n'en a pas ! Un peu sommaire malgré tout ! Et si l'enfant du pays qui est parti en Afrique n'y a apporté que le colonialisme et n'en a ramené qu'un profond mépris pour ces peuples qu'il n'a que contribué à asservir, le schéma est un peu caricatural.
N'empêche ! Il y a malgré tout, au sein de ces photographies parfois un peu sépia, une grande douceur, une grande capacité d'écoute et certainement une bonne dose d'amour pour l'humanité en général. Dans ce petit microcosme (encore une fois un peu tronqué malheureusement), transpirent partout les regards de l'homme sur l'homme, les douleurs, le plaisir, les regrets, le bonheur. La vie, quoi !