En l'espace d'une dizaine de jours, l'encyclopédie participative Wikipédia a en effet vu enterrés dans ses colonnes respectivement Aimé Césaire, Philippe Manoeuvre et dernièrement Pascal Sevran. Si l'état de santé du poète se prêtait à ce jeu morbide, reste que pour les deux autres personnalités, l'information relevait « du vandalisme » purement et simplement, pratiqués par des contributeurs peu consciencieux.
« Merci de ne plus effectuer de modifications non encyclopédiques sur Wikipédia, car cela est considéré comme du vandalisme et peut être sanctionné, notamment par un blocage de votre accès en écriture à ce site », expliquait alors un message, après que l'on a déclaré la mort du journaliste rock. Pourtant, on avait salué le travail des wikipédistes, lorsque Thierry Gilardi décéda, alors que les médias usuels restaient un peu à la traîne.
Hier, une nouvelle intervention peu scrupuleuse a déclaré la mort du présentateur Pascal Sevran, suite aux allégations de France 2, et d'Europe 1. La chaîne s'était d'ailleurs excusée peu après. Et comme souvent sur le net, un clic en entraînant un autre, l'information frauduleuse est relayée, générant une vague de faux aussi efficace que désastreuse.
Quid custodies custodiet ?
Que reste-t-il pour limiter ce type d'abus ? C'est là toute la difficulté. Car si l'on peut remonter jusqu'à la fameuse adresse IP de l'auteur, toute l'investigation s'arrête là. Le célèbre Web 2.0 est pourtant là. Les informations que les internautes apportent d'eux-mêmes, dans une contribution spontanée, qui les vérifie ? Qui les confirme ?
Dernièrement, la responsabilité de Wikipédia s'est vue limitée au rôle d'hébergeur, au cours d'une audience rendue publique fin octobre 2007. En tant que telle, elle n'est pas tenue à une obligation de surveillance des informations stockées. Mais c'est toute la crédibilité de l'encyclopédie qui reste alors remise en question.
Alors que Wikipédia se veut détentrice d'informations de qualité, tout son système repose sur la confiance que l'on peut accorder aux articles rédigés. Face à la migration d'autres encyclopédies vers des formules en ligne, le système s'écroulerait sous ces attaques, si elles venaient à devenir trop courantes...