Hier se déroulait le vernissage des oeuvres de Philippe Druillet, l'adaptation délicieusement scandaleuse de
Salammbô, version Flaubert, réadapté sauce Druillet, et présentée dans la galerie Pascal Gabert. Mais nous y reviendrons plus tard.
Or, parmi les invités, il s'en est trouvé un plutôt inattendu : Enki Bilal, qui ne sort prochainement rien, mais avait décidé de lui se « sortir pour retrouver Philippe et ses fantastiques bombes sexuelles, aux poitrines proéminentes». Et bleues. Très bleues, même, les poitrines. « C'est intéressant, parce que ces tableaux, je les ai vus en gestation dans l'atelier, mais elles prennent un autre sens exposées ici. » Et la suite en motion capture de Animal'z ? Non ? Bon...
Il est mignon et sage, notre Nicolas, quand Enki lui fait la leçon...© N.R.
L'exposition d'oeuvres, Enki, il connaît, on ne la lui fera pas à l'envers. L'été dernier, il avait envahi Artcurial sur tout le premier étage, en présentant 350 dessins de
Animal'z. «
C'est un problème pour un créateur, d'avoir une vision globale dans ce genre d'exposition. Si cela permet un contact avec le public immédiat, ça offre aussi une autre vision de son travail. Là, j'avais l'impression d'un serpent qui circulait au sein de cette grande architecture... »
Mais alors... les galeries sont-elles le nouvel Éden pour l'exposition, et pour la BD plus particulièrement ? Celle de Crumb remporte d'ailleurs un vif succès, justement. « À mon avis, ça répond à un ras-le-bol de la vitesse, des images véhiculées sans recul, des flux rapides, qui s'accélèrent en permanence, comme sur internet. Dans une galerie, c'est un retour à un contact direct, plus concret. On revient à quelque chose d'humain, où l'on peut s'arrêter. Mais je ne suis pas certain qu'il faille en faire de trop, justement. »
Philippe Druillet, sérieusement... © N.R.
Philippe Druillet, non loin, nous lance une belle oeillade, et dans un murmure : «
Dis-lui que dans la BD, les deux tartes à la crème, ce sont les femmes bleues et les taxis qui volent... » Et de partir d'un éclat de rire... Alors, Enki ? Sourire de l'intéressé. «
Une femme bleue, j'en avais dessiné une, mais elle avait des oreilles de Mickey. Sinon... le bleu, non, c'est la pilosité qui est bleue chez mon personnage, mais son corps est entièrement blanc. Dans Avatar
, Cameron a fait un film magnifique, mais c'est évident que l'on retrouve des inspirations, chez les réalisateurs, des oeuvres de Moebius, de Philippe ou des miennes. »
Marrant, personne n'ose parler du Cinquième élément de Besson...
Bon, merci Enki... Une dernière question, on a le temps ? Cet été, un grand moment de sport va avoir lieu... la coupe du monde de foot. Vous soutenez qui ? « Eh bien, l'équipe de France a tellement été dénigrée... Je suis sûr que ça va les booster pour cette coupe du monde. je l'aime bien cette équipe.
Peut-être qu'il faudrait que je soutienne la Serbie. Sauf que je ne suis pas vraiment Serbe, je suis un ex-Yougoslave. Mon pays c'est la Yougoslavie. En fait, ce qui me ferait réellement plaisir, c'est qu'une équipe africaine remporte la coupe. Pourquoi pas le Ghana ? Ce serait vraiment une belle chose. »
Quant à l'exposition de Druillet, vous pouvez la retrouver à la galerie Pascal Gabert jusqu'au 12 juin et le portfolio de l'expo est publié chez Drugstore, pour 100 €.