Avec son marcel plus immaculé que la conception elle-même, son regard fier et français, son béret parisien et sa ceinture bleu-blanc-rouge, tenue par une épingle à nourrice, Superdupont est au royaume des supers héros ce que la Chantal Goya fut à la musique : un OVNI ! Et soit dit avec tous le respect que nous pouvons avoir pour les ufologues…
Et ses charentaises ! Vous a-t-on parlé de ses charentaises, symbole, plus que la vache charolaise de la suprématie culturelle de notre plateau de fromages de pays ? Comment dissocier le personnage de ses attributs glorieux ? Ce serait priver Yvain de son lion, Perceval de son Graal, Lancelot de son lac ou pire Marcel de son mime…
Alors, voilà, Fluide glacial s’est décidé à remettre dans les étals les planches dessinées par Gotlib ou Alexis, et scénarisées par Lob. Tout personnellement, il me faut confesser une préférence pour le trait de Gotlib. Si. Cette rigueur caricaturale des personnages me replonge dans les doux âges des Rubriques à brac, de la coccinelle et de Newton, et du reste, de du fou qui repeint son plafond et des brocolis… Dire qu’une frange de notre belle jeunesse ignore l’existence de Superdupont !
À l'aise dans son bas de pyjama
Mais si ce mythe franco-français n’accède pas à la reconnaissance des nouvelles générations, comment voulez-vous qu’il survive, notre héros ? Songez-vous une seconde qu’il puisse sans peine s’exporter, face aux Hulk décérébrés, aux Spiderman à la limite de l’égérie gay (soit dit avec tout le respect que l’on doit aux araignées, même mutantes) ou consorts, tous plus inspirés d’une culture urbaine prônant la supériorité américaine, qui régulièrement sauve le monde ?
Sauver le territoire avant tout, et l'honneur
D’ailleurs, ne sont-ce pas ces Étrangers contre lesquels lutte vaillamment le pourfendeur de l’injustice ? Ceux-là mêmes qui jadis tentaient de faire tourner le lait de notre camembert et mettraient du coca dans un vieux Bourgogne ! « Le salut de la Nation dépend de la rapidité de notre action », assène avec francitude (merci Mme Royal), notre héros à des gens de la maréchaussée. Et ces derniers ne tardent pas à reconnaître le bien-fondé de sa parole, car, « cet homme ne saurait mentir ». On voit « briller dans ses yeux l’étincelle de la vérité ».
Ce premier album vous replongera avec nostalgie dans une époque ancienne, limite giscardienne, faite de parodie et d’autocritique, d’un comique hilarant. C’est à se tordre de rire. Et dormez paisibles, Français, car « tandis que s’efface le spectre de l’anarchie », notre sauveur convole vers de nouvelles aventures, avec à la bouche un chant sacré : « Aaaaaah, que la France est belle. »
Un indispensable, pour 9,95 €.