Suite à l'annonce faite par notre président, concernant l'extradition prochaine de Marina Petrella, qu'il accompagnera d'une demande de grâce expresse adressée à Silvio Belusconi, Fred Vargas a vu rouge. Rouge comme les Brigades dont fit partie Marina ? Pas à ce point. Mais interrogée par l'AFP, l'auteure ne mâche pas ses mots.
« C'est une demande totalement paradoxale et contradictoire, puisque Marina Petrella comme Cesare Battisti sont tous les deux en danger de mort rapide. Aucun d'eux ne survivra à leur retour en Italie. » Et d'ajouter : « C'est d'une hypocrisie assez invraisemblable, à moins qu'il ait eu une assurance, de demander que ce soit Berlusconi qui donne cette grâce pour raisons humanitaires. »
Car dans ce cas, pourquoi ne pas l'appliquer à Battisti pour « des raisons humanitaires », questionne-t-elle, doutant de la clémence de mansuétude, président du pays d'Auguste. Elle déplore d'ailleurs « l'acharnement politique de l'Italie sur ses anciens militants d'extrême gauche ».
« C'est à la France de ne pas se comporter de manière criminelle, de réaffirmer sa parole d'État puisqu'elle fait exactement la même chose pour les Farc. » Un asile qu'elle ne reproche pas, « mais à ce moment-là, qu'on soit cohérent : qu'on réaffirme la doctrine Mitterrand » poursuit-elle. « Si [Marina] est extradée et qu'elle n'est pas graciée, on aura une morte sur les bras, et puis le suivant ensuite. C'est très triste. »
Condamnée par contumace en 1992 à perpétuité, pour le meurtre d'un commissaire de police perpétré en 1981, entre autres, Marina avait été arrêtée en août 2007. Pour l'heure, elle est en chambre d'isolement à l'hôpital psychiatrique Paul-Guiraud de Villejuif (Val-de-Marne), près de Paris, nous explique l'AFP.