Chaque année, ils sont près de 2000 à mettre en péril leur scolarité, dans une abnégation totale, dévoués qu'ils sont à leur pays. À travers 56 classes de l'Hexagone, de Montréal et du lycée français de Casablanca, ils ne suspendront pas le vol du temps, malgré les imprécations de Lamartine : ils liront, coûte que coûte, les livres sélectionnés pour... le Goncourt des lycéens.
Et les 15 romans sélectionnés font déjà vibrer des coeurs. Ceux des enseignants, qui vont devoir mettre en attente le programme scolaire, ou du moins ralentir le rythme. Pour Olivier Bertin, professeur de lettres, cela permet cependant à ses élèves « de découvrir la lecture en dehors de toute obligation scolaire. Ils vont être amenés à se poser la question de savoir ce qui les intéresse dans un livre, ce qui les touche et les concerne », rapporte La Dépêche.
Mais on ne se leurre pas non plus : « Cela va nous demander, à vous comme à moi, une charge de travail supplémentaire, j'en suis bien consciente », explique Mme Van de Meulebroeke, du lycée Marguerite-de-Flandre, à Gondecourt. Mais on est tout disposé à jouer le jeu. « Il faudra, peut-être, lire deux livres en même temps, et respecter certaines règles : garder un devoir de réserve avec ses camarades pour ne pas s'influencer les uns les autres, éviter d'aller sur les sites ou les blogs des écrivains pour aller voir déjà les critiques. Mais le Goncourt va nous permettre de travailler sur l'objet livre. Et en plus sur de beaux matériaux », précise-t-elle pour La voix du nord.
Et les élèves, eux ? Eh bien, il semble que ce soit l'esprit de groupe qui domine, et l'on aimerait en général bien faire partie du juré final. Même si un plus grand nombre de livres aurait pu leur être fourni - deux exemplaires de chaque, cela ne devrait pas être impensable, si ? - tout le monde voudrait déjà être à Rennes, le 12 novembre prochain, où sera remis le prix au lauréat.
Et la liste ? La voici :
Jean-Baptiste Del Amo, Une éducation libertine (Gallimard)
Salim Bachi, Le silence de Mahomet (Gallimard)
Christophe Bataille, Le rêve de Machiavel (Grasset)
Mathieu Belezi, C’était notre terre (Albin Michel)
Jean-Marie Blas de Roblès, Là où les tigres sont chez eux (Zulma), cité également pour le Goncourt, et prix du roman Fnac
Catherine Cusset, Un brillant avenir (Gallimard)
Jean-Louis Fournier, Où on va, papa ? (Stock)
Valentine Goby, Qui touche à mon corps je le tue (Gallimard)
Alain Jaubert, Une nuit à Pompéi (Gallimard)
Michel Le Bris, La beauté du monde (Grasset),
Catherine Millet, Jour de souffrance (Flammarion)
Patrice Pluyette, La traversée du Mozambique par temps calme (Seuil)
Atiq Rahimi, Syngué Sabour : la pierre de patience (POL)
Olivier Rolin, Un chasseur de lions (Seuil)
Karin Tuil, La domination (Grasset)