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Parresia

Extraits

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Essais

Le savoir pathologique. La psychanalyse entre le texte et le contexte

Peut-être l'interprétation psychanalytique se rapproche-t-elle de la parrhesia, au sens où cette opération comporte, si délicate soit-elle, une brutalité structurale. Il n'est pas possible, dit Jacques-Alain Miller, de psychanalyser des rois ou des barons, car l'interprétation doit nécessairement pouvoir être insolente. Son efficacité en dépend, puisqu'elle opère en subvertissant le codage social qui régit le fonctionnement civilisé du sujet. Tel le dire de la parrhesia, l'interprétation qui touche sa cible vient déstabiliser la configuration discursive à laquelle le sujet se trouve aliéné, en générant des effets de transformation qu'aucun contrat ne saurait fixer à l'avance. Mais si elle dispense le protocole de permission, au sens où la vérité qu'elle détermine n'a pas de garantie externe à son dire, d'où retire-t-elle la nécessité qui s'impose en urgence à celui qui l'énonce ? Comment penser cette vérité qui s'énonce dans la parrhesia comme pur effet du langage, tout en reconnaissant le devoir éthique de son imposition ? Faudrait-il accepter l'idée qu'un discours puisse s'obliger à la condition qu'il a, lui-même, créée ?

09/2021

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Poésie

Poétique N° 183/2018-1

Poétique, n° 183 Mai 2018 Sommaire PHILIPPE DUFOUR Complainte des Icares LUDIVINE FUSTIN Cynisme, " parrêsia " et scène littéraire ARNAUD BUCHS L'invention du réel DANIELE CARLUCCIO Le deuil de Barthes ou la religion de la littérature - SOPHIE JOLLIN-BERTOCCHI Du mélange des styles VICTOIRE FEUILLEBOIS Chapitrages hétérodoxes dans le récit romantique - DANIEL GROJNOWSKI Le langage jeu SOPHIE MENARD Poésie surréaliste, conte et comptine - Mise au point MATTHIJS ENGELBERTS A quoi bon ?

05/2018

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Philosophie

Socrate dissident. Aux sources d'une éthique pour l'individu-citoyen

Les Athéniens du Ve siècle av. J-C. ont inventé la démocratie, la loi, la raison et la liberté du citoyen pour gérer les affaires publiques. Mais, en dehors de ce champ politique, la plupart d'entre eux - démocrates comme aristocrates- se laissaient guider par les nomoi, ces coutumes des ancêtres qui définissaient les rôles de chacun, selon un ordre à la fois social, moral et... religieux. Socrate, en s'en remettant au seul sujet pensant, clans sa recherche de ce qui est véritablement "bon" pour l'homme, brisa la légitimité de cette transmission générationnelle. Il se mit à la place du père pour proposer une éducation à la réflexion, un autre accès à la vertu. Tous ceux qui perpétuaient l'ordre des nomoi se sentaient réellement menacés dans leurs repères par les idées nouvelles des "physiciens", sophistes ou philosophes, qui venaient les ébranler. Comme système de défense, ils projetaient une représentation fantasmée de ces intellectuels qu'ils accusaient, sans distinction, de "corruption de la jeunesse et d'impiété". Aristophane, clans sa comédie les Ailées, ne faisait que mettre en scène ce rejet idéologique, lorsqu'il proposait de brûler clans "son pensoir" un certain Socrate... Quand, vingt-quatre ans plus tard, Anytos intente un procès à Socrate, l'opinion est sans doute de son côté. Anaxagore et Protagoras eurent aussi leur procès et connurent l'exil. C'est la démarche "dissidente" de Socrate, transgressant sciemment codes et normes du tribunal, qui le fit condamner à une mort choisie. Il sauva ainsi la philosophie en péril dont il devint l'emblème. Le Socrate que nous découvrons, en lisant Platon mais aussi Xénophon, est à la recherche de ce qui est "essentiel" en l'homme, pour en tirer le meilleur parti. Son "souci de soi", que l'on ne peut dissocier du "souci de l'autre", prend en compte les différentes dimensions de l'humain : la pensée critique et dialectique, mais aussi la santé, l'amitié, les rôles sociaux, la loi. II fait émerger l'individu, articulant sa capacité de rupture avec la responsabilité vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure. Il propose alors une éthique qui se confoncl avec une forme supérieure de civisme. Une utopie d'actualité ! L'auteur, en conclusion, confronte la notion de dissidence avec celle de parrêsia que Foucault définit ainsi : "Il y a parrêsia lorsque le dire-vrai se dit clans les conditions telles que le fait de dire la vérité et le fait de l'avoir dite va ou peut ou doit entraîner des conséquences coûteuses pour ceux qui ont dit la vérité."

02/2010

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Ouvrages généraux

Des possibilités de contre-conduites conjuguées au présent

En analysant le paradigme de contre-conduite tel qu'il apparaît à Foucault dans le Pastorat chrétien et ce qu'il en déduit pour l'institutionnalisation de la gouvernementalité moderne, l'auteure examine quelques événements catalyseurs dans le déroulement du récit de l'Islam pour comprendre le présent. Dans ce processus de subjectivation agonisant et dans cette illusion religieuse, le sujet éprouve une angoisse de devenir inauthentique, quelqu'un d'autre, pris dans ce mouvement d'altérité et dans cette rencontre à la fois avec l'autre et ce qu'ils nomment l'Autre. Tous ces visages de l'autre et de l'Autre vont-ils le rendre étrange à soi ? La pression véhiculée déjà par ce corps collectif va prendre en otage cette "enveloppe de l'âme", cette "guerre et cette paix", le corps, l'inquiétant et l'étrange, "l'inquiétante étrangeté". Jalila Hadjji propose des possibilités de contre-conduites conjuguées ici et maintenant et retient quelques alternatives : le souci de soi, la parrêsia, la mystique, l'amitié, la démythologisation de l'exégèse afin de réactiver le processus pour une meilleure émanation du soi au présent.

09/2021

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Philosophie

Le gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France (1982-1983)

Le cours que Michel Foucault prononce en 1983 au Collège de France inaugure une recherche sur la notion de parrêsia. Ce faisant, Michel Foucault poursuit son travail de relecture de la philosophie antique. A travers l'étude de cette notion (le dire-vrai, le franc-parler), Foucault réinterroge la citoyenneté grecque, en montrant comment le courage de la vérité constitue le fondement éthique oublié de la démocratie athénienne. Il décrit encore la manière dont, avec la décadence des cités, le courage de la vérité se transforme et devient une adresse personnelle à l'âme du Prince, donnant de la septième lettre de Platon une lecture neuve. De nombreux topoi de la philosophie antique se trouvent revisités : la figure platonicienne du philosophe-roi, la condamnation de l'écriture, le refus par Socrate de l'engagement. Dans ce cours, Foucault construit une figure du philosophe, en laquelle il se reconnaît: en relisant les penseurs grecs, c'est sa propre inscription dans la modernité philosophique qu'il assure, c'est sa propre fonction qu'il problématise, c'est son mode de penser et d'être qu'il définit.

01/2008

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Philosophie

Libre parole

Libre parole rassemble trois essais de style et de circonstance différents : la Conférence Hrant Dink sur la démocratie et la liberté d'expression par temps de violence, donnée en public à Istanbul en janvier 2018 ; les Thèses élaborées en 2015 sur "Liberté d'expression et blasphème", pour intervenir dans la discussion qu'ont relancée les assassinats par les membres de Daech de journalistes de Charlie Hebdo associés à la publication des "caricatures de Mahomet" ; enfin, le séminaire donné en 2013 et rédigé l'année suivante sur les formes de la parrésia selon Michel Foucault, où se trouve déployée à partir de l'exemple grec sa conception du courage de la vérité. Leur objectif commun est de problématiser les conditions et la fonction de la liberté d'expression en tant que droit aux droits, plus fondamental que jamais dans une période de régression des formes démocratiques, facilitée par les effets désagrégateurs de la mondialisation capitaliste, et surdéterminée par les effets de terreur et de contre-terreur que suscite une situation de guerre endémique à laquelle aucune région du monde n'échappe entièrement désormais. Il est aussi de montrer que, si la liberté d'expression institutionnellement garantie, et la libre parole qui en forme la contrepartie subjective, constituent une "propriété" inaliénable des individus et des groupes dont l'autonomie est (théoriquement) reconnue en démocratie, il faut s'élever à la conception d'un bien public de la communication si l'on veut en généraliser l'exercice, en prévenir les usages discriminatoires, et lui conférer par là-même toute sa normativité politique.

10/2018

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