Inspiré par les photographies de (1903-1963), ouvrier, passionné de sport et de photographie, à partir également de journaux intimes, de lettres, de souvenirs de voyages laissés par trois femmes, imagine un moment de la vie de Ginette Tiercelin, originaire de Belleville et raconte, à sa façon mais avec précision et vérité, le Front populaire, les premiers congés payés, les changements de société, l'engagement politique et sportif.
70 illustrations à découvrir, prises entre 1933 et 1939, intensément narratives, capables de rendre compte d'une histoire collective à partir d'histoires intimes et particulières.
Saisi par la tonalité émouvante et simple du récit de Didier Daeninckx, le lecteur s'immerge immédiatement dans le Paris populaire des années 30, aux côtés d'une jeunesse radieuse et pleine d'espoir, engagée et souriante, sportive et épanouie.
Porté par le souvenir de Ginette, il laisse défiler sous ses yeux de véritables moments de grâce, perçoit les rires sur les terrains de basket ou sur les pistes d'athlétisme. Le bonheur d'être ensemble, l'émotion de la victoire, le plaisir de l'effort, l'émancipation par le sport, tout cela rassemblés autour de quelques clichés étonnants de vitalité, de joie de vivre. Si expressifs.
A travers l'engagement sportif, émerge une conscience politique, un désir de lutte pour la liberté, des convictions profondes qui mèneront ces jeunes gens jusqu'à Barcelone en juillet 1936, aux olympiades populaires organisées en protestation contre les J.O. de Berlin mais brutalement interrompues par le soulèvement militaire de Franco.
Les premiers trains de congés payés, les matchs de championnat qui font découvrir la France, du nord au sud, les auberges de jeunesse de Léo Lagrange, les chansons fredonnées à l'époque, les petites anecdotes, les émois amoureux, les tournois sportifs à l'usine, les premières revendications féministes en faveur de l'avortement et de la contraception, tout cela est raconté avec sobriété, à travers le récit et les clichés, authentiques et forts.
La joie d’être ensemble, la bonne humeur respirent dans chacune de ces photographies. L’expression d’un bonheur accessible et simple, à la portée de tous, ancré dans cette période chargée d’espoir, de renouveau et de rêves, où la liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas que les mots symboliques d’une devise mais se déclinent à travers notamment « les billets Lagrange »,« les prix spéciaux » ou la modernisation de la PLM pour accompagner le développement des voyages organisés.
Un ouvrage chaleureux, empreint d’une douce fraîcheur, aussi instructif qu’artistique, où la nostalgie des dimanches en famille sur les bords de la Marne, des camps de vacances, des clubs sportifs ouvriers, du bonheur simple en plein-air, d’une jeunesse exaltée, accapare toute l’attention du lecteur et fait naître de vrais regrets.
Ce livre est un vrai réconfort. Utile et nécessaire en cette période de troubles et de crise sociale. Immédiatement bienfaisant, il serait triste de passer à côté.