L' Oulipo par la bande
Avec L’OuLiPo par la bande, Etienne Lecroart, le plus oulipien des oubapiens, revient avec un recueil qui réunit des planches réalisées ses dix dernières années dans différents contextes.
Pour ceux qui ne le savent pas, l’oubapo (pour Ouvroir de Bande dessinée potentiel) est à la bande dessinée ce que l’OuLiPo est à la littérature : un groupe de créateurs qui énoncent des défis qu’ils essaient de relever. Par exemple réaliser des « portraits en creux », c’est-à-dire à travers les espaces qui séparent les mots. Ou encore dessiner une bande dessinée dans laquelle on utilise, dans l’ordre les mots d’un dictionnaire.
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Etienne Lecroart compte probablement parmi les membres les plus actifs de l’oubapo, dont les exercices constituent la grande majorité de son œuvre en bande dessinée. On sent le plaisir de l’auteur à s’escrimer avec les contraintes qu’il s’est lui-même imposées. On est étonné, voire fasciné par les trésors d’ingéniosité déployés, par la réalisation de prouesses narratives qui nous semblent de prime abord impossibles et que Lecroart relève, toujours avec humour et une forme de simplicité.
On peut parfois se lasser de la tournure sexuelle que prennent régulièrement les récits, en particulier lorsqu’il s’agit de double lecture. Mais n’est-ce pas le sel de ce genre d’exercice d’aller chercher le subversif là où on ne l’y attend pas ? À noter son travail autour de l’Épicène, au cours duquel il essaie de dégenrer Astérix et Tintin et qui donne envie d’en voir plus.
Ce livre enjoué, rempli d’humour et d’intelligence, s’adresse autant aux amateurs de l’oubapo qu’aux lecteurs curieux.
03/03/2024 - 09:45