Mais où étiez-vous en 1996 ? Si vous faites partie de cette génération élevée au biberon Club Dorothée et que votre chanson préférée était : « Capitaine Flam tu n'es pas de notre galaxie… » alors 1996 c’est l’année où vous avez découvert les soirées interminables avec les premières cuites tequila paf. Vous êtes ce gars qui jouait de la guitare devant un feu sur la plage. Vous êtes de celles qui sauvaient sa meilleure amie tentant de se suicider à la vitamine C à cause du mec qui jouait de la guitare pour la fille qui préfère l’eau précieuse plutôt que votre copine, fidèle au Biactole.
Ouais… que de souvenirs ! Mais 1996 c’est aussi l’année où Eels nous réunissait tous autour de Beautiful Freack. « Novocaine For The Soul » un tube bien commercial qui ne donnait pas cher de durée de vie du groupe ! Et pourtant, même si ce titre ne reflétait pas l’opus, ils ont fait du chemin, et ils nous reviennent avec leur dernier album End Time plus réfléchi, plus mature…
Eels c’est avant tout Everett, un monsieur qui s’inspire de tout ce qui peut passer sous la main pour faire du rock alternatif. En pleine concurrence avec Offspring, Eels apparaît en 1996 marchant sur les empruntes des grosses chaussures rock qu’avait laissé deux ans plutôt Kurt Cubain (mettant fin avec sa mort à la formation Nirvana en 94) à savoir du rock qui explose en bouche ! un rock qui caractérise la jeunesse 90’s. Par contre en opposition aux styles grunges nivarniens leurs musiques purement commerciales s’installent aux rythmes des séries télé débitantes sans fond aux beaux mecs qui surfs sur les vagues australiennes.
Les années passent, on grandit (fort heureusement, d’ailleurs) et Eels revient avec un ton plus mélancolique. Plus posé, le contraire aurait été de l’ordre d’une hospitalisation dans les plus brefs délais du syndrome Peter Pan, encore qu’il a gardé son humour si particulier. End Time est un album acoustique de balades chaleureuses pour finir une histoire d’ado laissée en suspend à cause du déménagement des parents…
On est déjà en 2012 ?
Album d’un bout à l’autre n’est qu’un enchaînement de balades alors oui, il est possible qu’il ait pensé à nous, à cet amour qui ne s’est pas conclu, même sur un malentendu, parce que la fille est la poupée qui dit non. Néanmoins, il a pensé à lui avant toute chose. En effet, Everett est un homme malheureux. Seul, il vient de se faire quitter et le voilà qui dénonce une vie sans amour. Il va donc plus loin en chantant un monde qui tire son rideau rouge après représentation, parce que sans amour, c’est la fin d’une pièce, c’est la fin d’un film, c’est la fin d’un livre, c’est la fin d’une histoire de l’humanité. Générique de fin mélancolique avec ce timbre de voix si particulier, rocailleuse qui suinte le whisky et les clopes qui se rallument avec le mégot encore en bouche.
Un album dont qui délivre un message à l’humour noir. End Time en accord avec les prophéties mayas, mais ce n’est pas une explosion de la planète, juste une humanité au cœur de pierre qui s’éteint peu à peu.
Du Leonard Cohen évidemment
L’humour et la douceur d’un Leonard Cohen orne l’album. « The Beginning » ouvre l’album avec grâce et caractérise l’opus à savoir une douceur attachante, mélancolique à la guitare sèche laquelle nous ramène dans ce monde où il est bon d’aimer et d’être aimé.
Le style fort américain est tout aussi présent. « Gone Man » et « Paradise Blues » rappellent avec esprit un Vincent Vega (Pulp Fiction) sous l’effet du train qu’il vient de prendre au vol sur les rails d’un rebord de lavabo. On plane nous aussi avec cet album qui à première vue semble déprimant et pourtant est d’une réelle douceur qui demande à être partagée à deux… finalement…