Olivier Bizolon

La joie, le bonheur et même la sagesse empruntent des voies identiques d'accès, ceux de la connaissance de soi et du monde qui nous entoure, de l'acceptation de notre destin tragique par la scansion d'un grand OUI, ou encore par un encrage à la terre les deux pieds enracinés dans le réel : équation à plusieurs inconnues qui nous paraît souvent impossible à résoudre tant nous sommes parfois épris de la même folie que celle d'une mouche s'épuisant à vouloir traverser la vitre, certaine que son horizon lui est perceptiblement clair ! Il n'en demeure pas moins que sagesse, bonheur ou joie sont des objectifs communs à beaucoup d'entre-nous, convergeant indubitablement vers la pratique de la philosophie qu'elle seule autorise. Et que peut-il nous arriver de mieux dans la vie que de faire la connaissance d'un grand lucide pour nous épauler dans cette quête très personnelle ? Nietzsche est de toute évidence l'un de ceux-là, qui décrit le mieux le monde et sa vérité, qui est aussi la nôtre. Souscrire à la philosophie de Nietzsche qui intervient dans tous les domaines de notre quotidien d'aujourd'hui, c'est s'offrir l'occasion providentielle de décoder notre propre destin pour pouvoir en jouir le plus librement possible.

J'ai désormais foi en la mort pour avoir fait d'elle la première affirmation de ma vie. De mon récent passé s'illustre une vision sans merci d'un puissant amour, complice de ma propre perte. Mais prélibant la coupe, j'ai bu au calice des vérités et à ce puissant venin mon être a mithridatisé. D'un oeil d'archonte, j'ai étreint en effet ces années à contempler ma dépouille pour que suinte son principe vital, nectar d'antidoute pressé de mes humeurs omniscientes. D'une jambe velléitaire, maintes fois il me fallut escalader les axiomes de mon crépuscule jusqu'à me dissoudre dans l'indémontrable pour que sourde la forge d'une autre mort, une mort incompatible avec le vol des livides charognes. Illuminé de mon rien, j'ai convulsé par-delà la lumière du néant pour en extraire la synthèse et me repaître de l'éternité du vide. De ma Synthèse du néant, j'ai vu la joie dans la joie, et je sais désormais à cet instant, que quelque chose existe.