Un premier roman édité est une véritable aventure. Il n'y a pas une seule manière d'en parler. Chaque auteur a connu quelque chose de différent, une histoire semée d'embuches qui n'est jamais la même…
Régulièrement, une rencontre pour une une série de témoignages autour de la publication du premier roman jeunesse.
Aujourd'hui :
Pour parler de mon parcours, je compare souvent le monde de l'édition au terrain amoureux. Vous savez, on peut avoir envie de tomber très amoureux, de vivre une grande histoire, mais ne pas être prêt, et passer à côté de toutes les belles choses qui nous frôlent. Les déceptions, les frustrations, nous façonnent, nous forment. Elles nous préparent à cette rencontre qui, un jour, nous fera dire « Ok, c'est le moment que j'attendais ». Je reviens de mourir m'a permis cette rencontre : avec un éditeur, avec un lectorat, et avec celui que je suis devenu grâce à ce texte. Dans ce roman, j'explorais les solitudes, MA solitude à vrai dire, mais je crois avoir compris depuis le temps combien elles se connectent entre elles dans notre société. Pour que ma littérature prenne forme, il fallait qu'elle refuse la prudence et les concessions, il fallait qu'elle se donne, pleinement. C'est comme en amour, quand on sait que c'est la bonne personne qu'on a devant nous, il faut savoir prendre des risques.
On m'a souvent parlé de la « radicalité » de ce récit, de sa violence. Pourtant, je le trouve d'une tendresse infinie. Il est l'écrin d'un matériau très précieux, le malaise de ma génération oui, mais surtout cet espoir qui nous habite de ne plus seulement se cogner les uns aux autres mais d'être vus, d'exister pour quelqu'un. Je reviens de mourir est un livre sur ces étincelles, qui font que le noir qui nous entoure, à de brefs instants, s'éclaire d'une magie qui peut tout bouleverser. Et j'ai eu la chance qu'il éclaire ma vie. Un matin, j'ai reçu un mail de Tibo Bérard, directeur de la collection Exprim chez Sarbacane. Il venait de lire mon blog, voulait savoir si j'avais un manuscrit : il venait de se cogner à moi. Et puis nous nous sommes vus, nous avons existé l'un pour l'autre. Ce jour là j'ai croisé le chemin de quelqu'un qui allait changer ma vie. Quelques mois plus tard, il publiait ce manuscrit.
Mot de Tibo Bérard, directeur de la collection Exprim :
Quand on parle de « la vie » d'un roman, on évoque son parcours en librairie, l'évolution de ses ventes, etc. Dans le cas de Je reviens de mourir, c'est autre chose : quand Antoine m'a livré le manuscrit, quand nous l'avons retravaillé avec passion, et quand nous l'avons livré aux lecteurs, j'ai eu le sentiment de voir naître quelque chose. Nous savions que ce roman serait une pierre angulaire de la collection, et même un « événement » dans le secteur du roman jeunes adultes, à l'époque émergent. La fureur du style d'Antoine, son énergie viscérale, sa poésie aussi et son regard porté sur un monde dur mais traversé par des étincelles d'humanité…
Les polémiques que la publication du livre a déclenchées ne sont qu'un élément de sa vie. Il s'est mis à vivre dès qu'Antoine a reçu des commentaires de lecteurs – dès 13, 14 ans – qui lui ont dit avoir été bouleversés par ce roman commejamais auparavant. Il a continué à vivre quand divers professionnels sont « montés au créneau » pour souligner ses qualités littéraires, mais aussi pour évoquer son importance par rapport au regard que nous portons tous sur le rôle de la lecture. Ce roman est pour moi ce que la littérature doit être : un électrochoc. Je reviens de mourir est à la fois un livre-phare de la collection EXPRIM' et un « classique » de la littérature jeunes adultes, au même titre que Junk de Melvin Burgess. Un livre qui a provoqué des vocations de lecteurs, qui a fait bouger les lignes, et qui a révélé un auteur majeur de sa génération. Sur chaque salon, je défends Je reviens de mourir. Parce qu'il m'accompagne, résonne, vit en moi.
Actualité : Après avoir créé la saga
Mortelle Adèleaux éditions Tourbillon, Antoine Dole publiera le 6 juin le 5ème tome des aventures de cette petite peste. Alors qu'il vient de publier le roman
A copier cent fois aux éditions Sarbacane, il achève actuellement son nouveau roman qui paraîtra début 2014 aux éditions Actes Sud Junior.