Le titre résonne comme une invitation à un séjour balnéaire, un appel à la détente, à la paresse. La mer, le soleil, la plage, la chaleur de l'Andalousie ; tout semble réuni pour satisfaire le Suédois, trop régulièrement éprouvé par l'hiver sombre et froid, redonner l'énergie et l'enthousiasme que la pluie et la grisaille lui ont fait perdre.
Et puis, le lecteur habitué aux enquêtes du commissaire , héros des précédents romans, n'a pas oublié le vif intérêt que l'auteur semble porter à l'Espagne, et découvre donc, sans véritable surprise, ce pays d'adoption.
Mais cette fois, ce qui pourrait ressembler effectivement à des vacances, se teinte rapidement d'inquiétude et de menace et place Peter Mattéus, publicitaire à succès, dans un état d'angoisse, de peur et de tensions, transmissible au lecteur (du moins lors des premières pages). « Il sent la sueur couler sur son front et sa nuque, comme une douche froide […] Il sent une torpeur sourde l'envahir. »
Ainsi, par un début volontairement énigmatique et elliptique, des phrases courtes, un rythme rapide et saccadé, plutôt anxiogène, le roman emprunte rapidement la voie du thriller politique mais (et quel dommage !) sans rien révéler avec précision, reste volontairement confus et assez flou sur le contexte et amplifie, de ce fait, le sentiment d'insécurité et d'impatience du lecteur qui voudrait bien y voir plus clair et déduire à son tour.
En vain. C'est plutôt résigné qu'il attendra les cinquante dernières pages et finira par obtenir enfin les informations indispensables pour contrôler l'intrigue dans son ensemble. Avant cela, des bribes trop partielles pour étayer des pistes vraisemblables, construire un raisonnement éclairé ou générer une excitation divertissante. Comme si ce polar s'adressait cette fois à un lecteur plus passif, qui assiste aux événements, presque en retrait, sans trop frémir car détaché et frustré de ne pas pouvoir mieux collaborer. Ajoutez à cela un personnage principal sans envergure héroïque, peu attachant et assez fade, lâche même ; c'est certain, l'ennui n'est plus très loin.
Pourtant cette histoire de passé qui resurgit, 20 ans plus tard, avec en filigrane le terrorisme basque, a de quoi interpeller la curiosité mais sans véritablement la satisfaire. S'il est à l'origine de l'intrigue, il reste secondaire car le roman choisit de centrer l'action autour de Peter et de sa nouvelle famille (sa femme Rita, principalement) à laquelle il a toujours caché cette autre vie, et de ses anciens amis, visiblement plus enclins à la vengeance qu'aux retrouvailles chaleureuses.
Entre cauchemars tenaces, mensonges et doutes, habité d'interrogations nombreuses, Peter semble sans résistance, prisonnier d'un passé qui ne lui laisse qu'un seul choix : tuer ou être tué.
Grâce à des effets de va et vient entre passé et présent, l'histoire s'étoffe de quelques rebondissements, échappe à une linéarité sans pour autant réellement captiver, ni créer un intense suspense. Le lecteur hésite, ne sait plus vraiment qui manipule qui, a du mal à y voir clair jusqu'aux dernières pages, jusqu'à la résolution finale, pas forcément pressentie mais pas impressionnante pour autant.
Convaincante mais sans trop d'effets.
Décidemment, Erik Winter nous manque !