est auteur pour la jeunesse depuis 1997. Auteur prolifique et engagée, rencontre régulièrement de jeunes lecteurs dans les salons du livre ainsi que dans leurs classes.
Suite aux terribles événements terroristes en plein Paris du vendredi 13 novembre, elle a souhaité écrire cette lettre ouverte.
Nous les auteurs et les illustrateurs pour la jeunesse
Il y a une semaine précisément
Nos enfants
Nos petits-enfants
Et les millions d'autres enfants qui ne sont pas de notre chair et notre sang mais pour lesquels nous écrivons et dessinons
Se sont réveillés dans un monde en chaos.
Ils ont vu les visages sidérés de leurs aînés
Ils ont vu défiler en boucle les images ensanglantées
Ils ont entendu les larmes et les cris
Certains ont perdu des êtres chers
Qui un père
Qui une mère, une sœur, un frère, un ami, un voisin
On connaît tous quelqu'un qui connaissait quelqu'un…
Ils ont demandé à leurs parents épouvantés :
Qu'est-ce qui se passe, Papa ?
Pourquoi les méchants ne sont pas gentils, Maman ?
Est-ce qu'ils vont revenir Papie ?
Est-ce qu'ils vont nous tuer, nous aussi, Mamie ?
Et nous, impuissants, ne trouvant pas toujours les mots, de tenter de les rassurer
Avec plus ou moins de succès.
Ils ont fait une minute de silence en se donnant la main
Ont déposé des fleurs
Ont allumé des bougies
Ils se sont vus brutalement dépouiller de leur innocence, de leur insouciance, de leurs jeux, de leurs rires
Ont appris des mots qui claquent
Qui à leur âge devraient être encore absents de leur vocabulaire :
Terrorisme, fanatisme, martyrs, daesh, kalach, otages, armes, mort…
Et ont vu les pires visages de la barbarie
Alors, nous, les auteurs jeunesse, qui aujourd'hui, demain, et dans les semaines à venir irons à leur rencontre
Nous à qui l'on offre la possibilité d'entrer dans leurs écoles, dans leurs classes
Et de nous adresser à eux en face à face
Plus que jamais nous aurons pour mission de leur offrir, la main sur le cœur, le meilleur de ce que nous savons faire, écrire, dessiner, créer.
Plus que jamais nous aurons à remplir notre mission qui est de les faire rêver, sourire, rire, battre des mains, inventer, réfléchir
Avec les plus grands, les adolescents, des beaux quartiers comme ceux des cités, nous aurons à dialoguer, échanger, débattre.
Et ce avec pour seule arme nos mots, crayons, stylos, papier, couleurs…
Il nous faudra sans doute ramer pour effacer les images de l'horreur, leurs larmes, leurs peurs
Mais nous, les auteurs et les illustrateurs
En ces jours de douleur profonde
Nous qui avons la chance d'exercer l'un des plus beaux métiers du monde
Nous nous refusons à ce que ces enfants apprennent autre chose qu'à aimer, rire, chanter, partager, fraterniser.
Et c'est en cela que la Littérature pour la jeunesse est si grande !
Yael Hassan
Le 20/11/15