Littérature
« L’envie est, avec l’orgueil, l’un des péchés du diable. En suivant la carrière du Mal à travers les siècles, on comprend que l’envie se soit muée en ressentiment. Cet affect caractérise aujourd’hui l’ère d’uniformisation mondiale à laquelle la modernité donne lieu. Comme l’ont pressenti Nietzsche, Bernanos ou Robert Bresson, chacun envie désormais les autres pour ce qu’ils ont, pour ce qu’ils font ou même pour ce qu’ils sont. Et, paradoxe diabolique, c’est bien à cette condition ressentimentale que le monde suit sa course à l’indifférenciation. »
L’envie étant avec l’orgueil l’un des deux péchés qui hantent le Démon en personne. C’est la médiocrité intime de Satan qu’explore ce livre fulgurant, ramené de l’abîme où se consument ses émules, les
possédés de la possession rongés par la même féroce avidité, toujours insatiable et toujours insatisfaite. Mais la singularité majeure de ce vif traité sur une passion triste consiste à décrire en quoi le ressentiment est la forme moderne et ô combien actuelle de l’envie.
Il permet de comprendre comment notre époque a fait de lui un mal ordinaire, la condition paradoxale du quotidien dans les sociétés égalitaires du monde globalisé. Notre humanité commune se résumerait-elle à convoiter pour soi les vanités de l’autre ?
Lauréat de la bourse Cioran, Mathieu Terence est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages, récits ou essais, salués chaque fois par la critique et distingués par l’Académie française. Il publie habituellement aux éditions Grasset.
02/2021
Actualité
Mars soulève d’invraisemblables projets de colonisation qui donnent, à grand renfort de jolis films d’animation et de nombreuses superproductions de science-fiction, l’impression d’être réalisables à court terme. Le grand public en est venu à considérer que vivre normalement ailleurs que sur Terre est très facile, alors que ce n’est que du cinéma dopé aux effets spéciaux.
La réalité est beaucoup plus rude, très loin des rêves de quelques milliardaires excentriques complètement déconnectés de la réalité. Une analyse critique et sérieuse des immenses écueils qui se dressent entre nous et notre plus proche voisine montre que, sortis de la double protection terrestre (atmosphère et magnétosphère), nous sommes terriblement vulnérables dans un cosmos hostile et glacial. Faire amarsir une fusée contenant des êtres humains confinés dans quelques mètres cubes pendant six mois et épuisés par un si long voyage hors gravitation terrestre, relève de l’inconscience la plus totale.
Sur Mars, les conditions extrêmes et le manque de ressources vitales rendraient la survie d’improbables martionautes bien plus difficile qu’en Antarctique : la plus minime erreur humaine, la moindre défaillance matérielle ou la plus légère déchirure d’une combinaison spatiale seraient fatales.
Il n’y a pas de planète B. Nous sommes les habitants naturels de la Terre et destinés à y vivre pour toujours, obligés d’en prendre le plus grand soin. Les rêves loufoques de colonisations lointaines sont des mirages inutiles et dangereux qui gagneraient beaucoup à vite se transformer en un projet bien plus urgent et nécessaire : rendre notre biosphère à nouveau viable à long terme.
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