Il en est des écrivains comme des peintres.
Certains, en quelques coups de pinceau majestueux mais minimalistes sont capables de faire apparaître un portrait qu'une photographie , dans ses mille détails, n'aurait jamais réussi à rendre aussi suggestif, aussi expressif aussi explicitement représentatif.
Les seize petits textes que propose dans ce recueil sont de cette veine.
En quelques mots, quelques images, quelques bribes d'une scène ou d'une situation, il dresse des portraits pleins de tendresse, d'humanité, d'humour ou de sensualité qui laissent le lecteur totalement libre de faire voguer son imagination sur un océan de possibles.
C'est tout un monde de poésie qui s'ouvre à chaque nouveau texte. Et c'est normal car Mihàlis GANAS est avant tout un poète qui s'essaie à la prose (n'allez pas croire que je suis un spécialiste de Mihàlis GANAS. Non. Juste quelqu'un qui vient de le découvrir et de goûter ses textes. Le spécialiste, c'est Michel VOLKOVITCH, le traducteur, qui, lui, visiblement, connaît bien son auteur et qui m'a apporté cette précision).
N'empêche ! C'est bien de la poésie (en prose) qui transpire à chaque ligne. Quand Mihàlis GANAS évoque cette vieille dame et son chien dont on ne saurait jurer de qui promène l'autre. Quand il laisse rêver cette autre vieille femme au jour où elle pourra enfin reprendre ses parlottes avec ses amies depuis trop longtemps disparues.
Quand il fume cigarette sur cigarette, dans la voiture avec Pétros qui, après toutes ces années, pense encore à Anna. Quand il nous provoque notre songerie devant ces épaules nues entrevues au travers des lames d'un store.
Des instants de vie fugaces que prolonge le libre cours donné à une rêverie sans fin.
Délicieux !