Sous couvert de l’anonymat, une jeune femme expose les conditions difficiles d’une étudiante sans le sous. Le sujet n’est pas nouveau et a fait particulièrement parler de lui lors de la récente campagne présidentielle. De plus en plus de jeunes étudiants n’ont pas les moyens de financer leurs études… Pour cela, il n’est pas étonnant de constater une augmentation constante d’étudiants travaillant pour subvenir à leurs besoins. Parfois, la détresse financière est telle que certains d’entre eux vont jusqu’à se prostituer.
Laura est une jeune fille comme en on trouve des milliers en France. Elle n’a pas eu une enfance difficile, ses parents sont aimants même si les relations sont parfois difficiles et elle n’est pas attirée par des milieux que l’on pourrait qualifier de « douteux ». Sortie du lycée, c’est naturellement qu’elle emprunte le chemin des bancs de l’université. Son projet est solide et elle a de l’ambition. Cependant, rien n’est gagné d’avance au pays de l’égalité des chances. Faisant partie de ces milliers d’étudiants passant juste au-dessus de la « barre » fatidique des aides d’État, elle ne peut bénéficier d’une bourse et ses parents n’ont pas les moyens suffisants pour l’aider dans son nouveau quotidien. Laura raconte ici ses galères, la vie particulière et épuisante d’une étudiante qui se bat, entre les cours, les emplois sous-payés et les revisions, pour payer le loyer, les factures et remplir le frigo. Quelques mois passent. La fatigue, des ennuis de santé et le regard des autres se font pesants. Le ras de bol s’installe… Un jour, Laura va basculer dans l’impensable, sans crier garde, et se faire happer par l’univers des rencontres impitoyables du web…
Son parcours est particulièrement dur. On ne peut qu’être désolé, choqué et en colère face à l’existence de tels choix. Personne n’est là pour l’aider. Au Crous, elle est accueillie par une conseillère l’incitant à solliciter les Restos du Coeur! Forcément, elle tombe dans la facilité de l’argent vite gagné, mais à quel prix ?
Ce livre entre dans la polémique actuelle de l’accès gratuit à l’éducation pour tous et plus globalement dans celle de l’ascension sociale. On ressent une certaine agressivité dans les propos de Laura. Évidemment, on la comprend. Toutefois, certaines incohérences frappent d’emblée… Ayant été étudiant il y a quelque temps encore, j’ai moi-même pu avoir la chance d’obtenir une bourse d’études à la vue de la situation financière dans laquelle j’étais. D’autres années, comme Laura, je l’ai perdue de peu. J’ai donc travaillé comme tant d’autres et me suis débrouillé faisant souvent des concessions. Loin de moi l’idée de dénigrer son vécu.
Mais tout de même, cette obsession de vouloir habiter seule en centre-ville, de vouloir à tout prix un ordinateur, de vouloir échapper à ses expériences malheureuses en partant pour Paris (ville bien plus chère que celles de province) me choque. C’est pour moi un luxe dont on peut facilement se passer. La collocation est une expérience particulièrement enrichissante pendant ces années d’étude par exemple. Par ailleurs, il n’est pas forcément vrai que le CROUS favorise les boursiers pour ses logements… enfin des petits boulots se trouvent facilement, tels les cours par exemple, qui sont très bien rémunérés et ne sont pas forcément très prenants.
Cette parenthèse passée, Laura a dû particulièrement souffrir de la situation et s’est certainement trouvée face à un cas de figure qui ne lui a pas vraiment laissé le choix. À cela, il faut ajouter que l’on ressent une grande solitude dans son histoire. Il est vrai que tout étudiant, quels que soient ses moyens, devrait mener une vie décente et un quotidien qui ne l’empêche pas de mener à bien ses projets et ses études. Une excellente analyse de la prostitution étudiante vient compléter ce tableau à la toute fin du livre et révèle toute l’ampleur du phénomène. Aujourd’hui, on ne sait pas exactement combien d’étudiants (filles comme garçons d’ailleurs) sont contraints de vendre leur corps pour se façonner un avenir. C’est un mal qui malheureusement se propage de plus en plus au sein des universités et révèle l’état de la paupérisation étudiante.