Maurice Barrès, écrivain et journaliste littéraire

Dans la continuité des travaux menés sur les rapports entre presse et littérature au XIXe siècle, cet essai présente et analyse une sélection d'articles de presse consacrés à la littérature, écrits par Maurice Barrès entre 1883 et 1923. La mise en perspective de la trajectoire littéraire du romancier du Culte du Moi à travers ce corpus de textes permet d'illustrer les enjeux liés à la figure de l'écrivain-journaliste dans le contexte historique et culturel de la Belle Epoque. Barrès est en effet le représentant d'une génération littéraire qui a su construire et affirmer une légitimité durable au sein du champ littéraire grâce à sa pratique du journalisme. La presse, qui joue pour lui un rôle formateur, l'amène à définir le romancier qu'il souhaite devenir. En dévoilant le lecteur derrière l'écrivain, les articles littéraires de Barrès exposent la posture auctoriale choisie par l'artiste et proposent une genèse de la sensibilité barrésienne.

Reposant sur l'exploitation du riche fonds de la BnF, cette étude rouvre le dossier de Maurice Barrès (1862-1923), écrivain aujourd'hui relativement tombé dans l'oubli. Les écrits de voyage, articles, essais, romans ou nouvelles, permettent d'aborder l'auteur dans toute sa complexité et ses contradictions, ainsi que de le replacer dans une histoire littéraire allant de Chateaubriand à Gide et incluant bien des journalistes contemporains peu connus. A partir du cas de Barrès, il s'agit d'interroger ce qu'est le voyage pour un homme de lettres de la Belle Epoque qui, après l'ère des Romantiques, en pleine époque symboliste, défend une esthétique des "yeux clos" en réaction au naturalisme et s'oppose au pittoresque des images, puis qui devient l'une des voix majeures du nationalisme. Comment dès lors comprendre la sortie de l'écrivain de son cabinet de travail, le fait d'arpenter le monde muni de carnets ? Le volume tend ainsi à saisir la manière dont un lettré fait du voyage non seulement un des moyens réguliers de remettre en mouvement ses idées et ses images, mais aussi un élément central de sa scénographie auctoriale et de sa relation à la société de son temps.

Goncourt... un nom qui évoque d'emblée le prestigieux prix littéraire que l'Académie Goncourt décerne chaque année, depuis 1903. C'est le testament d'Edmond de Goncourt, ouvert après son décès en 1896, qui lance l'Académie. Mais le projet est celui de deux frères habités par la passion des lettres, Edmond et Jules de Goncourt. Dans sa biographie des Goncourt, Jean Louis von Hauck, dépeint avec acuité la société du xixe siècle. Les deux frères ont une ambition : accéder au monde littéraire de leur temps. Sur leur parcours, ils côtoient les personnages les plus illustres des milieux littéraires et artistiques : Victor Hugo, Gustave Flaubert, Marcel Proust, Guy de Maupassant, George Sand, Charles Baudelaire, Réjane, Paul Verlaine ou encore Robert de Montesquiou et Maurice Barrès. Au sommet de ce monde politico-littéraire, ils rencontrent la princesse Mathilde, cousine de l'empereur Napoléon III. Les Goncourt fréquentent le salon des Rothschild à Auteuil, courent la table des écrivains, journalistes, critiques parisiens et scientifiques ; ils sont les habitués des dîners Magny, un café littéraire qui se tient rue de la Contrescarpe. Ambitieux, audacieux, insolents, les Goncourt accèdent à une place privilégiée pour observer la société qui les entoure. Et ils ne s'en privent pas. Ils dépeignent les êtres et les événements avec une cruelle lucidité. Rien n'échappe à l'oeil critique de Jules et Edmond de Goncourt, grands admirateurs de l'oeuvre du duc de Saint-Simon, poursuivant ainsi leur rêve de marcher sur les traces de Jean de La Bruyère. Impitoyables, diaboliques, les frères Goncourt transcrivent d'une plume féroce leurs investigations sur les moeurs et la société de leur temps. Un exercice d'une savoureuse virtuosité !