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Mathilde Rossigneux-Méheust

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Histoire des mentalités

Vieillesses irrégulières

Août 2014. Un château célèbre, une maison de retraite qui ferme, des archives qui s'ouvrent. Une épaisse liasse composée de petites fiches attrape le regard. On y lit : "Buveur impénitent", "impulsif et violent", "malade mentale", "insulte au personnel", "trublion de la pire espèce", "à ne jamais reprendre". Ces formules expéditives stigmatisent des centaines de pensionnaires étant partis, volontairement ou non, entre 1956 et 1980. L'historienne fait surgir de cette source les pratiques gestionnaires d'une institution en charge de personnes âgées, les scandales de la vie d'hospice, mais aussi une galerie de portraits, des trajectoires singulières, toutes marquées par les guerres et les crises du XXe siècle. Le fichier de Villers-Cotterêts permet d'entrer de plain-pied dans une histoire discordante de l'Etat social et de mettre en lumière la persistance de la disqualification des vieux pauvres. Qui sont ces femmes et ces hommes âgés qui ont suffisamment dérangé pour susciter un dispositif disciplinaire de papier spécifique pendant plus de vingt ans ? Quelle histoire nous livre l'administration de ces "indésirables" ? Mathilde Rossigneux-Méheust est maîtresse de conférences à l'université Lyon 2. Elle est l'auteure de Vies d'hospices. Vieillir et mourir en institution au XIXe siècle (Champ Vallon, 2018).

09/2022

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Criminologie et sicence pénite

Routines punitives

Au cachot, privé de sortie, à l'isolement, à l'amende, au pain sec et à l'eau... Nombreuses sont les sanctions qui rythment la vie à la caserne, en prison, à l'usine, en maison de retraite, à l'école, à l'hôpital psychiatrique ou au couvent. Punir serait une dimension essentielle des institutions "? disciplinaires ? " telles que Michel Foucault les a qualifiées. Le collectif d'historiennes et d'historiens réunis dans cet ouvrage a voulu interroger cette évidence et proposer une histoire sociale des sanctions ordinaires au xixe et au xxe ? siècles. Il saisit le moment où la domination devient visible et tangible, où le pouvoir cogne. Qui punit-on, pour quelles raisons et comment ? De la qualification des infractions aux répertoires punitifs, des pratiques des punisseurs à l'expérience des punis, des scandales aux tabous, ce livre s'intéresse à la routinisation des sanctions. Il compare leur poids dans le quotidien administratif et leur empreinte sur les trajectoires individuelles. Ce faisant, il ouvre la voie à une histoire commune des institutions militaire, éducative, religieuse, thérapeutique, coercitive et d'assistance.

10/2023

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Non classé

Qualifier et disqualifier le travail des personnes âgées

L 'ambition de ce dossier est d'observer les personnes âgées comme des travailleurs et travailleuses et d'interroger leur place dans le travail productif, mais aussi reproductif et thérapeutique. La vieillesse est ici appréhendée comme un âge statutaire que nul âge civil ne borne avec précision. En considérant les "âgé·es" comme des acteurs et actrices économiques et pas seulement comme des pris·es en charge, l'objectif est de nourrir une réflexion sur le travail, ses frontières et ses marges. Marie Derrien et Mathilde Rossigneux-Méheust interrogent les processus de disqualification des "nourricières" qui tout au long du xxe siècle prennent soin chez elles de personnes souffrant de maladies mentales sans se voir conférer de statut. Leur âge est une clé d'analyse capitale pour comprendre la pérennité de ce modèle alternatif de prise en charge des malades mentaux. Caitrin Lynch a, elle, mené une enquête dans une usine du Massachusetts employant des personnes retraitées. Son article permet de réfléchir au sens que recouvre le prolongement d'une activité professionnelle bien après 65 ans dans un pays où la retraite n'est ni généralisée ni institutionnalisée. Pour valoriser leurs patient·es âgé·es, les professionnel·les de la gérontopsychiatrie étudié·es par Martin Sarzier mobilisent largement le vocabulaire du travail. Prendre au sérieux l'analogie de la "mise au travail" des malades lui permet de questionner différemment les rapports entre professionnel·les et patient·es et de mieux cerner l'expérience des personnes hospitalisées. A partir d'une étude sur la reconversion de responsables cégétistes à l'université, Nicolas Simonpoli montre comment leurs expériences militantes modifient leur approche du travail universitaire. Enfin, Timothée Chabot aborde les relations amicales en collège pour souligner les disparités de classe qui s'opèrent dans la constitution des réseaux amicaux de plus de 800 élèves suivi·es pendant un an et demi.

11/2023

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Sociologie

Les liens familiaux à l'épreuve des institutions disciplinaires

Ce dossier constitue le premier bilan d'une réflexion menée collectivement au sein du Groupe de recherche sur les institutions disciplinaires (GRID) consistant à proposer une histoire comparée des institutions aux finalités aussi éloignées que l'asile, la prison, l'armée, l'hospice, l'hôpital et l'école, en interrogeant à travers elles, et quelque quatre décennies après son énonciation, la pertinence du concept foucaldien d' "institution disciplinaire" . Ce décloisonnement historiographique s'est arrimé au parti pris de faire l'histoire des populations instituées en sortant du seul face-à-face entre une administration et des individus. Donner à voir la place et le rôle des familles contribue alors à élargir et à approfondir la compréhension historique des institutions. Les relations familiales apparaissent non seulement comme un point d'entrée dans une histoire des relations de pouvoir en institution, mais aussi comme des liens sociaux qui permettent de discuter du pouvoir des institutions.

09/2022