Sous la haute direction de Pierre Chalmin, la maison l'Éditeur va publier en septembre un dictionnaire des injures littéraires les plus convaincantes : Ta gueule Bukowski !
Et durant l'été, nous allons publier de temps à autre, un petit extrait de cet ouvrage de 800 pages et quelques, qui devrait ravir les amateurs.
A tout seigneur tout honneur, on commence par la lettre A, comme... Angot...
(née en 1959)
bas-bleu « métafictif » français
C’est ce qui me frappe dans les livres de Christine Angot, le fait que c’est mal fichu, ennuyeux, quasiment illisible. J’admets le succès de Marc Lévy, c’est fabriqué, ça se lit. Angot, c’est du vrac, du tas. Du tas de quoi ? On ne sait pas trop, conversations téléphoniques sans fin et sans sujet, détails dépourvus de sens, confidences sexuelles, etc. C’est un peu l’esthétique du Loft. Et ça obtient le prix France Culture (il y a quelques années) ce qui en dit long sur la haine de certains intellectuels envers l’esprit. En réalité, ça n’intéresse plus personne, elle est soutenue à bout de bras par quelques journalistes influents, dont Savigneau, qui ne rate pas une occasion de soutenir un mauvais écrivain, Sollers, Libération, Les Inrockuptibles. Elle n’est pas lue, mais elle confisque les rentrées littéraires de manière scandaleuse, quand il y a tant de vrais écrivains dont on ne dit presque rien. Tout cela parce qu’elle serait un « phénomène de société ». Phénomène de rien : comme d’habitude, les journalistes parlent de ce qu’ils ont décrété être un phénomène. Cela n’apporte rien à personne, ni joie, ni plaisir esthétique, ni réflexion sur le monde ou sur soi. Un peu de voyeurisme, c’est tout. Mais je n’ai encore rencontré personne qui m’avoue aimer ça.
Pierre Jourde
Pierre Jourde : « Il y a en France une bonne vieille tradition de la terreur intellectuelle », Article XI, 12 septembre 2008