L’écrivain meurt deux fois. D’abord, il meurt comme tout un chacun. Puis ce sont ses œuvres qui s’éteignent, à cause de lecteurs ingrats ou trop occupés à lire ce qui leur est contemporain, ou plus simplement parce qu’elles n’étaient pas bonnes –mais comment savoir ? La mort littéraire vient parfois très vite, car l’oubli d’un livre n’est pas proportionnel à la quantité de temps écoulé depuis sa première édition. La littérature française du vingtième siècle est déjà un vaste cimetière… Depuis plusieurs années, je m’y promène, effaré par ces immenses caveaux sur lesquels ne figurent plus que des noms à demi-effacés. Dessous, dorment les ensablés. Parmi eux, combien de grands écrivains que les circonstances, l’injustice du public, les aléas de l’histoire ont placés là, à tout jamais. A tout jamais ?