Édité chez Stock en 1945, une date qui en valait bien une autre pour un ouvrier qui n’avait pas d’ambition littéraire, Travaux est le premier livre de l’œuvre discrète mais sûre de Georges Navel. Il était préfacé par Paul Géraldy, avec qui Navel s’était lié à la faveur de quelques travaux manuels qu’il avait effectués chez lui. On songe avec amusement à la rencontre improbable entre ce dramaturge à succès de la bourgeoisie de l’entre-deux-guerres et cet ouvrier cultivé à l’esprit libertaire qui, à l’époque installé dans le Haut-Var, s’était fait apiculteur après avoir exercé mille métiers entre le Nord et le Sud, l’usine et la campagne. Juste avant la guerre, Navel avait donné des articles à L’Humanité et à Commune. Encouragé par Géraldy, Navel écrivit Travaux à partir des notes qu’il avait couchées dans des cahiers au fil de ses déplacements. Suivront les récits autobiographiques Parcours (1950), Chacun son royaume (1960) et plus tardivement Passages (1982), tous dans l’esprit de Travaux, et surtout Sable et limon (1952), ouvrage composé de lettres écrites au philosophe Bernard Groethuysen.