Le thriller de se passe cette fois de . Spontanément alors, le lecteur accuse le coup, laisse poindre un sentiment de déception, tellement accroc à son héros, toujours pressé de le retrouver, plus cabossé que jamais. Sa moue refoulée, plutôt confiant, malgré tout, envers l'auteur, il pénètre donc dans cette histoire et au final, ne la lâche qu'aux toutes dernières pages, mais sans doute plus à cause de la brièveté du récit que grâce aux réels effets de surprise ou de manipulation.
Elena Torre CC BY SA 2.0
Peut-être davantage roman noir que thriller, le récit possède néanmoins de l'intérêt, conforme au style de l'auteur, rythmé et habile, capable de surprendre le lecteur, de secouer son âme sensible autant que de provoquer le divertissement. Chez Nesbø on s'amuse autant qu'on frissonne et cette histoire le confirme.
Rédigée à la première personne, elle met en scène un tueur à gages, un "expéditeur", opérant à Oslo, au cœur de l'hiver gris, neigeux et glacial de 1977. Ni conducteur fou, ni braqueur, ni même drogué, Olav est plutôt du genre sentimental, ne supporte pas les gens qui frappent des filles, tombe très facilement amoureux. Très sensible, dyslexique, c'est un amoureux de littérature et de Victor Hugo, finalement pas vraiment méchant. Sauf quand "il pète les plombs". Efficace, il exécute les commandes avec rigueur et professionnalisme, sans bavures jusqu'au jour où son commanditaire, un trafiquant de drogue, lui demande de tuer sa propre femme infidèle.
Amoureux de sa prochaine victime, Olav vacille un moment, se détourne plus ou moins de sa mission initiale et entraîne le lecteur dans une série de rebondissements parfois déroutants, le manipule gentiment mais sans jamais l'éloigner des préoccupations habituelles de l'auteur, à savoir les bas-fonds de la capitale norvégienne, poisseux et toxiques, propres à tous les trafics, les enfances traumatisées et violentes, suffisamment destructrices pour développer, à l'âge adulte, des troubles psychotiques et dépressifs majeurs. L'horreur est bien là, tourne à la dérision pour rester supportable.
De nombreux dialogues, vifs et directs apportent au roman un rythme plutôt haletant et rapide, fluide et facile, idéal pour se détendre sans trop d'effort mais dans l'ensemble, ce récit policier reste moins pénétrant que la série Hole.
De quoi patienter en fait !