Il est des livres qui traversent les époques avec une insolente légèreté. Histoires naturelles de Jules Renard fait partie de ceux-là.
Croquis d’animaux esquissés à la pointe de la plume, ces textes malicieux, publiés pour la première fois en 1894, offrent en quelques lignes - parfois deux, parfois deux pages, même plus – un concentré de poésie, d’observation et parfois de tendresse. Ils disent la bête sans l’alourdir, avec un humour tendre et une précision d’entomologiste. On y sent le regard vif, un peu moqueur.
Le Corbeau
Quoi ? Quoi ? Quoi ?
- Rien.
#[pub-1]
Toulouse-Lautrec les illustre dès 1899. C’est ensuite Pierre Bonnard qui s’y attèle en 1904, après bien des hésitations. L’idée d’un ouvrage petit format, imprimé en noir et vendu à prix modique, séduit le peintre.
Un livre sans prétention, réédité par Finitude en mars dernier, pour lequel le peintre travaille à l’encre de Chine, au pinceau, sans esquisse préalable. L’animal surgit du papier d’un geste sûr, fluide, inspiré des calligraphes japonais qu’il admire. Croqués en plein mouvement, souvent en gros plan, les sujets prennent vie dans un décor à peine suggéré. C’est le texte qui guide le trait, et le trait qui, en retour, éclaire le texte.
Le Chat
Le mien ne mange pas les souris; il n'aime pas ça. Il n'en attrape une que pour jouer avec.
Quand il a bien joué, il lui fait grâce de la vie, et il va rêver ailleurs, l'innocent, assis dans la boucle de sa queue, la tête bien fermée comme un poing.
Mais, à cause des griffes, la souris est morte.
#[pub-2]
En 1904, Renard, l'auteur de Poil de Carotte et de son Journal ; et Bonnard, figure des Nabis, peintres intimistes de son siècle ; ont quarante ans. Tous deux ont quitté Paris pour se rapprocher de la nature : la Nièvre pour l’un, Marly-le-Roi pour l’autre. Tous deux jouissent d’une notoriété déjà bien installée, et partagent un goût sincère pour les formes populaires, les plaisirs simples, l’art qui circule hors des cénacles.
#[pub-2]
Histoires naturelles, il était temps que ce petit bijou reparaît en librairie : une fantaisie à hauteur de bête.
L'Escargot
Casanier dans la saison des rhumes, son cou de girafe rentré, l'escargot bout comme un nez plein.
Il se promène dès les beaux jours, mais il ne sait marcher que sur la langue.