Si l’on connaît Adolphe Thiers comme homme politique, on découvre à travers cet ouvrage une facette bien moins connue : celle d’un collectionneur passionné par l’art chinois. Le legs qu’il fit au Louvre en 1881, composé de plus de cent vingt œuvres, révèle l’ampleur de sa curiosité pour les arts asiatiques. Rouleaux peints, porcelaines, émaux cloisonnés, bronzes ou jades témoignent d’une démarche aussi intime qu’érudite, à la croisée de l’esthétique et du pouvoir.
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L’exposition, qui se tient au Musée du Louvre jusqu'au 23 août, ne se contente pas d’illustrer une passion singulière ; elle met en lumière les regards portés en Europe sur la Chine au XIXe siècle. À travers les choix de Thiers se dessinent les contours d’un goût influencé par son époque, mais aussi par ses ambitions personnelles. Car chez cet homme, tout est affaire de stratégie. L’art, comme la culture, fut pour lui un levier de légitimation sociale et politique, au même titre que ses engagements littéraires ou sa monumentale bibliothèque.
Cette dernière, encyclopédique, donne la mesure d’un esprit avide de savoir. Peuplée de classiques antiques, de traités diplomatiques et militaires, elle ne répond pas aux canons du bibliophile amateur de raretés, mais à ceux d’un homme d’État en quête d’outils intellectuels. Thiers lisait pour comprendre le monde, l’histoire, l’art et les nations.
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Le livre Une passion chinoise rend justice à cette dimension souvent oubliée d’Adolphe Thiers. Porté par une vingtaine de spécialistes, il donne vie à une collection hétérogène, certes, mais précieuse pour ce qu’elle révèle d’un moment de l’histoire, d’un regard sur l’Autre, et d’un homme pour qui tout – savoir, pouvoir, art – était intimement lié.