Bernard Visage, des Éditions du Seuil nous a contactés pour nous donner plus de précisions sur la réalité des ces faits. Selon lui, les informations qui le concernent dans cet article ont été détournées et abusivement utilisées. L'éditeur nous explique également qu'il n'a jamais eu l'intention de tenter un quelconque piratage de l'ordinateur de Nelly Arcan.
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Quand, après la mort de l'auteur, il suffisait de vider des caisses ou des cartons pour tomber sur un manuscrit inédit, cela ne posait pas trop de problèmes. Parfois, c'était dans une cachette, au fond d'une armoire que l'on trouvait la perle... Mais maintenant que les auteurs travaillent sur ordinateur, on se heurte à un mot de passe, qui nous sépare de possibles nouvelles choses. C'est le cas avec Nelly Arcan.
Décédée à 35 ans voilà quelques semaines à peine, son éditeur français, Seuil, qui avait avoué que la romancière s'était suicidée, a annoncé son intention de publier un roman inachevé en 2010. Pour ce faire, l'éditeur doit encore trouver des codes d'accès pour parvenir à fouiller l'ordinateur de l'auteure, au cas où l'on trouverait des « textes d'intérêt littéraire ». Évidemment, tout dépendra de l'accord de la famille, mais au Québec les réactions sont plutôt partagées.
Interrogée par Cyberpresse, l'auteure et éditrice Mélanie Vincelette, rejette cette idée : l'écrivain n'achève jamais un livre « avant la dernière minute » parce qu'il trouve toujours des éléments à modifier, explique-t-elle. Et l'éditrice reste interdite : « Je ne peux même pas penser à ça. Nous avons publié un roman de Nelly, L'enfant dans le miroir, et nous n'avons même pas eu le courage d'en discuter entre nous, même si tout le monde parle de rééditions. »
De son côté, l'éditeur Jean Barbe tient un tout autre discours : « Tout dépend des ayants droit, de la famille. Ce sont eux qui décident. La majorité du monde de l'édition, et je n'en fais pas partie, considère qu'il s'agit d'une business. S'il y a de l'argent à faire, c'est bon. Demander s'il y a une éthique dans le monde de la business, c'est répondre à la question. »
Car de toute manière, la volonté des morts, on se nettoie les lèvres gourmandes avec, en clair. Respecter les indications laissées ou ne pas les respecter, la question se pose. Kafka nous pose d'outre-tombe la question, avec des aventures judiciaires plutôt folkloriques, de même que Nabokov doit encore grincer des dents comme sa Laura paraît, malgré les consignes laissées à son fils.
Que t'en semble, lecteur, comme interrogeait La Fontaine ? Quel délai de pudeur est nécessaire pour que cela ne ressemble pas trop à de l'arrivisme éditorial ? Seuil n'était pas disponible pour nous répondre sur le moment.