La chute de l'Empire romain d'Occident, événement monumental s'il en est, et vraisemblablement queue de comète d'un effritement progressif, résonne aujourd'hui dans certains discours alarmistes sur la fin programmée de la civilisation européenne...
Des figures comme le philosophe qui a hissé son art au niveau du commentaire journalistique, Michel Onfray, peignent un tableau sombre où le continent de Cioran, à l'instar de Rome jadis, serait sur le bord de l'abîme, succombant sous le poids de crises internes et de menaces externes. On ne citera pas qui sont les nouveaux barbares dans leur esprit... Nostalgie tragique pour un passé idéalisé, et parfois grandiose.
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L'historien Peter Heather propose son Histoire nouvelle de la chute de l'Empire romain, initialement paru en France chez Alma en 2007, et réédité par Les Belles Lettres, de quoi mieux cerner comment une civilisation se ramasse comme un quidam de bêtisier.
Dans ce pavé de près de 700 pages, le Britannique tente de déchiffrer l'énigme de l'effondrement de ceux qui arrêtèrent, peu d'années avant, le terrible Attila. De l'Écosse à la Mésopotamie, du Rhin à l'Atlas, Rome a régné pendant cinq siècles sur un bien vaste territoire, et son démembrement a profondément marqué les esprits. La méthode de Peter Heather : déplacer le point de vue historique, creuser la dimension culturelle, économique et politique de l'Empire, et en face, les dynamiques des peuples dits barbares.
La genèse des adversaires de Rome, des peuples germaniques aux Huns, la logique interne qui les animait et qui, conjointement à celle des descendants d'Auguste, allait modeler le Moyen Âge européen, selon ce dernier. L'ouvrage excelle dans la narration d'une époque si fascinante, et finalement peu connue, face aux temps de César ou d'Auguste.
Peter Heather enrichit son récit avec des figures souvent méconnues, extraites de sources peu explorées : diplomates, généraux, chefs barbares, impératrices ambitieuses, mais aussi poètes, philosophes, théologiens...
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La chute de l'Empire romain d'Occident, survenue en 476 après J.-C., continue plus généralement de diviser les historiens. Plus qu'une simple défaite face aux invasions barbares, cette période marque une convergence de crises—économiques, sanitaires, et militaires—qui ont érodé les fondations de Rome de l'intérieur. Des spécialistes modernes, tels que Peter Brown, proposent de reconsidérer cette "chute" comme une transformation graduelle vers le Moyen Âge.
L'impact du changement climatique et des pandémies, comme la peste de Justinien, reçoit également une attention accrue, offrant une perspective plus nuancée sur les forces naturelles qui ont pu précipiter et façonner le déclin de Rome.
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Reste que des historiens comme Bryan Ward-Perkins, insistent toujours sur le rôle destructeur des barbares. Ce dernier met notamment en évidence en quoi la chute de Rome a entraîné une régression dans plusieurs domaines de la vie quotidienne.
Pour Philip K. Dick ou Pacôme Thiellement, la situation est claire : L'Empire n'a jamais pris fin...