Quand ancien ministre, n'écrit pas de livres sur l'Economie, quand il ne dirige pas, chaque mois, l'Orchestre romantique européen salle Gaveau, il surprend, davantage encore, avec ce court roman intemporel et délicat, raffiné et sensible, à la tonalité délicieusement classique.
Les iris jaunes, en hommage à l'œuvre de Stefan Zweig, raconte avec concision l'histoire d'une femme, Mme de Saint-Fulgent, traumatisée dans l'enfance et dont subitement l'inconscient se met bouillonner intérieurement, provoquant chez elle des attitudes étranges non maîtrisables et éprouvantes.
Désorientée, elle se confie à son médecin bienveillant et plein d'empathie (le narrateur) qui va tout mettre en œuvre, aidé par quelques soutiens et certaines pratiques freudiennes, pour exorciser un passé douloureux et la délivrer de ses troubles ; "dévitaliser l'inconscient".
"L'inconscient recueille les fautes des parents et les fait rejaillir sur les enfants d'une manière ou d'une autre, qui peut aller de troubles simples jusqu'à des formes d'autisme".
Une histoire attachante et captivante, ponctuée (sans pesanteur) de références et d'allusions littéraires, au rythme vif et léger, capable de procurer au lecteur un moment d'évasion et de divertissement agréables et sans prétention, hors du temps. Une saveur inédite, volontairement surannée mais ô combien exquise et charmante, garante d'une détente profonde et d'un plaisir immédiat. Laissez-vous conter alors !
Dès les premières pages, le lecteur est séduit par l'atmosphère presque théâtrale, la relation particulière entre le médecin et sa patiente, le milieu littéraire finement décrit où se déroulent les événements, l'ironie douce et subtile, puis vivement intéressé, dans un deuxième temps, par le psychiatre aux méthodes inattendues, par les rôles secondaires convaincants (le commissaire ou l'acteur), curieux d'une intrigue qui offre même quelques rebondissements ; happé par un mouvement fluide, jamais ennuyeux.
D'une construction rigoureuse, sans doute un peu académique mais rassurante et confortable, le roman est celui d'une quête psychanalytique passionnante et accessible, où les mots refoulement,catharsis etinconscient deviennent soudainement des notions limpides et concrètes, où l'utilisation du passé simple procure de belles intonations, où la peinture, la musique s'immiscent sans artifice, où le lecteur perçoit, par-dessus-tout, le plaisir de l'écrivain à écrire cette histoire. Un plaisir hautement transmissible.
"Par les temps qui courent, il faut savoir saisir le moindre instant de bonheur et l’apprécier – évitons de trop réfléchir, ça ne sert à rien". (Stefan Zweig)