So british... et pourtant 100 % belge ! L'univers de , né sous le pinceau du bouillant Edgar-Pierre Jacobs, est nourri de son amour pour la littérature fantastique et le cinéma expressionniste. Son impact sur l'imaginaire des lecteurs est encore intact aujourd'hui : de grands noms de la bande dessinée continuent d'animer ses créatures, rendant ainsi un touchant hommage à l'enchanteur de leur enfance.
La Chronique BD de BDfugue.com
Et comme en plus, tout cela se vend très bien, voici venir Le serment des cinq Lords (Dargaud) scénarisé par Yves Sente et dessiné par André Juillard. Pas de voyage dans le temps, pas d'invention délirante... et pas d'Olrik !
Le méchant emblématique de la série est mis au repos, histoire de ne pas user jusqu'à la corde ce génie du mal et de garder une certaine cohérence dans le déroulement chronologique des albums les uns par rapport aux autres. Nous sommes ici peu de temps après l'affaire de la Marque jaune : Blake et Mortimer n'ont guère le temps de souffler tout au long des années 50, période où se situe - pour l'instant - la totalité de leurs nouvelles aventures.
La Marque Jacobs :
une vie en bande dessinée
Rodolphe / Louis Alloing
chez BDfugue.com
Avec des incursions significatives dans leur jeunesse, une idée brillante qui donne une épaisseur psychologique très convaincante et fort touchante à ces personnages de papier. C'est ici le Capitaine Blake qui retrace ses années de formation dans l'armée et ses débuts d'agent de renseignements.
Plein d'idéalisme et de patriotisme, il se donne comme modèle le Colonel Thomas Edward Lawrence. L'ombre de cet homme fascinant s'étend sur le Serment des cinq Lords, qui évoque irrésistiblement les romans à énigme d'Agatha Christie : un joli travail, soigné.
Disponible également en tirage limité, dans un format "à l'italienne" qui magnifie les dessins de Julliard. Les cases disposées trois par trois sur chaque page et légèrement agrandies acquièrent ainsi l'élégance des affiches dont cet artiste est prodigue. Mais l'actualité de Blake et Mortimer ne se limite pas à cette reprise.
Pour retrouver le charme de l'original - sans jeu de mots- vous pouvez vous procurer une somptueuse version de La marque jaune, cette icône absolue du Neuvième Art ! Et même deux, puisque vous avez le choix de la couverture : celle annonçant la publication des premières planches dans le Journal de Tintin, ou celle censurée par Hergé himself, parce que jugée trop effrayante.
Éternel reproche fait à Jacobs, accusé de prendre ses jeunes lecteurs pour des adultes !
Suppléments sous forme de story-board, croquis préparatoires, recherches diverses, et l'album en fac-similé intégral avec les hauts de page et couleurs d'origine de la prépublication. Et là, ça fait mal : les limites techniques de l'époque sont pour le moins criantes... Mais c'est passionnant, et l'objet est magnifique. Cherry on the cake, la vie d'Edgar-Pierre Jacobs existe désormais en BD sous le titre La marque Jacobs (Delcourt), grâce à Rodolphe au scénario et à Louis Alloing au dessin !
Le serment des Cinq Lords
Yves Sente/André Juillard
sur BDfugue.com
Tout gamin, il remplit ses devoirs d'histoire avec des illustrations qui lui valent l'admiration de ses professeurs. Artiste dans l'âme et doté d'une belle voix de baryton, il fréquente les théâtres où il croise notamment Mistinguette. Pour vivre, il devient dessinateur publicitaire alors qu'une carrière de chanteur d'opéra semble possible.
Mais la guerre vient tout stopper : Edgar fait son entrée dans le monde de la bande dessinée en imaginant une suite à Flash Gordon et en assistant Hergé dans la mise en couleurs et dans les scénarios des albums de Tintin. Dans l'impossibilité de poursuivre sa vie sur les planches, le voilà condamné à fournir... des planches pour le Journal de Tintin !!!
Pendant trois décennies, les aventures de Blake et Mortimer déchaînent l'enthousiasme des lecteurs. Hergé admire son collègue, mais veille cependant à ce qu'il ne lui fasse pas trop d'ombre.
Quant à la censure française, elle cherche régulièrement à mettre des bâtons dans les roues du pauvre Jacobs. Artiste travaillant en solitaire, il vieillit et meurt seul, tourmenté par la conviction qu'il a d'avoir raté sa vie...
Hélas, de par son dessin scolaire et du fait d'un scénario un brin larmoyant, La marque Jacobs n'atteint pas au brio, à la fantaisie et à l'intelligence du merveilleux hommage à Georges Rémi : Les aventures d'Hergé (Dargaud) de Bocquet, Fromental et Stanislas. Tant pis... Jacobs forever !
So british et pourtant 100 % belges, tout Blake et Mortimer à retrouver chez BDfugue.