est une jeune maison d'édition française. Elle propose une « littérature qui raconte le monde contemporain sans tabou, avec ses fractures et ses dysfonctionnements, à travers des personnages hauts en couleurs, rarement politiquement corrects, aux regards aiguisés et aux avis bien tranchés ».
New-York sous l'occupation traite en effet d'un sujet actuel, celui de la crise des subprimes et du monde de la finance internationale et met en scène un trio d'amis trentenaires, Sacha, Zelda et Frédérick, décidés à quitter Paris pour s'installer à New-York et échapper ainsi à la routine et à la tristesse. « J'ignore ce que je suis venu chercher à New-York mais je fuis cette grande grippe qu'est l'ennui. »
Ce roman, d'une construction assez particulière, proche du théâtre (il est divisé en actes), laisse les personnages s'exprimer à tour de rôle, sous forme de monologue essentiellement, et y entremêle la voix omniprésente d'un narrateur externe ; proposant ainsi au lecteur, plusieurs points de vue et regards sur notre monde actuel en pleine déroute. « Une élite de besogneux. Des trous du cul. Des gens sérieux avec des épées en mousse. Et dire qu'ils sont une majorité à faire ainsi le sale boulot de vivre […] Ces trente dernières années furent celles de leur prise de pouvoir tranquille, de leur colonisation silencieuse, de leur occupation totale et irréversible. Nous sommes tous des petits financiers devenus. »
Entre satire sociale et tragédie (visionnaire ?), le roman surprend, amuse et glace, déconcerte et interroge, trouble le lecteur, à la fois par sa forme - un style incisif, aux tournures parfois amusantes, parfois présomptueuses - mais aussi par son contenu, d'abord léger et vaguement railleur qui, progressivement, estompe les sourires du lecteur et le soumet à une horreur et une violence brutales et dérangeantes.
Une lecture inconstante donc, qui laisse, au final, un sentiment mitigé.
Sacha, héros central, avocat d'affaires plutôt riche est un enfant trouvé mais persuadé d'avoir des origines américaines. « [Il] avait été un bébé anonyme, abandonné au pied d'un immeuble parisien en novembre 1976. L'incroyable de cette histoire tenait dans le seul bagage qui l'accompagnait, une mallette pleine de dollars contre son couffin. » C'est donc, naturellement, qu'il décide de partir s'installer à New-York, entraînant avec lui ses deux meilleurs amis, le couple Frédérick- Zelda. Ensemble, ils mènent une vie assez mondaine et fastueuse dont ils deviennent vite lassés et critiques. Tout en profitant de ce luxe et de ses artifices, ils dénoncent avec un ton acerbe, les futilités et vanités de ce milieu, sa froideur, sa vacuité et sa décadence. « Un bottin de farfelus ».
Progressivement, Sacha se détache radicalement de cet environnement, cherche un nouveau sens à son existence et grâce au voile partiellement levé sur ses origines, il commence à se rebeller, d'abord au sein de son activité professionnelle, « il était urgent, notamment, d'arrêter ce métier d'avocat dégénéré » puis en menant une révolte personnelle contre le monde des affaires qui appauvrit une partie de la société. « Il me fallait mettre davantage de désordre dans les choses. Il me fallait non pas critiquer, non plus commenter et risquer l'insulte française dont on décore les réactionnaires, mais plutôt agir avec des armes appropriées. » Epaulé par de drôles de types, il se sent devenir anarchiste et, sous des allures de terroriste d'un nouveau genre, entre en guerre contre les « esprits mécanisés, les petits bourgeois responsables […] des machins qui boulonnaient. Des doigts qui tapaient. Des cravates qui parlaient, ces automates de 2007» et achève son combat dans un bain de sang, en obtenant la liberté qu'il a longtemps cherchée.
Une fin stupéfiante mais pas forcément convaincante, sans doute un peu précipitée, sans ménagement pour le lecteur, avec une révélation qui laisse plutôt dubitatif.
Il n'en reste pas moins que l'auteur, par ailleurs ancien avocat d'affaires entre Paris et New-York, et chroniqueur littéraire au magazine « France-Amérique » a de quoi séduire par son écriture originale, parfois insolente et provocante, rythmée et ciselée, vraiment inédite. Il est à découvrir alors, parmi cette rentrée littéraire toujours si prolifique