En 1873, dans sa leçon inaugurale à l’université de Vienne, le professeur Thausing exigeait qu’on bannît le mot « beau » et récusait toute Histoire de l’art où cet adjectif figurât ; depuis, d’autres savants ont surenchéri en prétendant afficher à l’entrée des amphithéâtres : « Ici il est défendu d’admirer ». En obéissant à ces critères, on ne voit pas qu’André Suarès et son Temples grecs, maisons des Dieux, dont L’Eveilleur nous donne une passionnante réédition, documentée et remarquablement illustrée, puisse trouver sa place sur les bancs. La preuve : en ne le mentionnant pas dans son Histoire de l’histoire de l’Art, qui est pour les Français comme le Gotha des historiens de l’art, Germain Bazin le condamne à un oubli certain. Mais chassez le génie par la porte, il revient par la fenêtre : les étudiants qui consultent à l’Institut National de l’Histoire de l’art le fonds Doucet, dont André Suarès constitua la partie la plus ancienne, puisent à pleines mains dans les trésors que le Condottiere leur a constitué.