Depuis des années, dans son atelier de Moustier-Sainte-Marie, sur le plateau couvert de lavande de Valensole, Claude Noël pour la société Gallot.
Alors qu'il est venu avec son épouse Blanche, à Paris, à l'invitation du nouveau Président de cette société afin de conclure le développement et le lancement de sa dernière création, il reçoit l'humiliation du Président Mazuret qui, revenant sur leurs accords verbaux préliminaires, annule tout et met un point final à cette collaboration devant la nouvelle équipe de Direction.
Et, malgré leurs réticences, après le départ de Noël, Mazuret annonce à ses collaborateurs le début d'une nouvelle aventure entre la société Gallot et un jeune créateur plein d'avenir qui lui a été présenté.
A partir des échantillons de la dernière création de Noël qui, au mépris le plus total de règles déontologiques non écrites et visiblement inexistantes dans la profession, lui ont été remis par Mazuret, Nicolas Daglance reconstitue, molécule par molécule, la composition de ce parfum tout en l'adaptant pour lui donner sa touche personnelle.
Il y a une évidence dans ce livre : c'est que Jean Claude ELLENA connaît le parfum, les odeurs primaires qui, comme pour les couleurs, permettent les variations à l'infini, l'art de la création et le milieu de la parfumerie.
Il n'est pas certain qu'il ait d'autre démonstration à faire quant à sa maîtrise de cet art : n'est pas Léonard de Vinci qui veut, qui pourrait exceller en d'autre matière que celle où il est passé maître.
Voilà un roman, certes très au fait du métier, qui finit par flirter avec les bonnes intentions et le politiquement correct après avoir débuté dans les pires vacheries dont un patron sans foi ni loi (comme sait si bien en fabriquer notre société) est capable : qui, aujourd'hui, pourrait encore, dans les affaires, ajouter foi à une parole donnée si elle n'est gravée dans le marbre ? Et encore….
Alors, certes nous avons droit à quelques pages intéressantes sur les champs de lavande du plateau de Valensole ou encore les remises de stockage et de conservation des meilleurs cuirs qui fourniront les plus beaux ouvrages de tannerie, mais si vous souhaitez réellement un roman rempli des pouvoirs des odeurs, mieux vaut se plonger (ou se replonger) dans Le Parfum de SUSKIND.
La seule chose dont je garderai le souvenir après cette lecture c'est que, contrairement à la photographie, à l'architecture, à la musique ou encore à l'écriture, la propriété intellectuelle dans l'art de la parfumerie n'existe pas : le plagiat semble y être admis comme postulat du métier. Voilà bien une chose étonnante quand on considère la dimension financière que représente la diffusion mercantile de ces œuvres d'art !