Gyula Tót fait partie de ces bataillons de jeunes que la Guerre a volé à ces petits villages, à leurs famille et à l'amour de leurs parents pour les lancer dans l'horreur et le gâchis.
Cette guerre, , n'a pas le privilège de briser les simples soldats : toute la hiérarchie militaire de terrain en subit la pression. Même le commandant Varró, le « chef bien aimé » de Gyula en porte les stigmates au point que deux semaines de permission lui ont été accordées afin qu'il retrouve, loin de l'arène des combats, un peu de cette sérénité perdue qui lui embrouille la tête et les pensées.
Avec cette générosité de paysan de montagne qui est la sienne, Gyula propose alors au commandant d'aller passer cette permission dans sa famille, au village de Mátraszentanna, dont tout le monde sait que l'air sain et pur a toujours permis à ceux qui en avaient besoin de retrouver leur équilibre.
Après quelques hésitations, le commandant a accepté.
Aussitôt informés par Gyula, ce sont alors les préparatifs, chez les Tót, pour l'accueillir.
A commencer par trouver comment masquer l'odeur prégnante et âcre des latrines : même le spécialiste, appelé en renfort pour pomper le contenu de la fosse, en déconseille l'opération au risque de rendre le remède plus terrible encore que le mal.
Et ce n'est pourtant que le début de la tourmente qui va se déchaîner !
Que ne ferait pas une famille pour tenter d'améliorer le quotidien de l'un des siens exposé à tous les dangers de la guerre ?
Dans un récit aux accents « grotesques » et « absurdes » (comme le dit très justement la quatrième de couverture), István ÖRKÉNY va introduire le loup (le commandant) dans la bergerie (la famille et le village de Gyula) pour y semer une énorme pagaille grâce à l'esprit un peu dérangé du permissionnaire.
Au delà du burlesque effectif des situations, István ÖRKÉNY en profite pour dessiner des personnages hauts en couleurs et caricaturaux qu'il plonge dans le difficile dilemme de la soumission servile destinée à protéger l'un d'entre eux ou de l'insurrection destinée à les protéger, eux, de l'emprise de la démence.
Tout cela reste cependant un peu superficiel à mon goût et, même si j'ai souvent souri et même ri à ces situations extravagantes, je reste convaincu de n'avoir eu entre les mains qu'un gentil délassement.
En revanche, je suis également convaincu que les amateurs du genre y trouveront leur plaisir car tout y reste délicieusement croqué.
Ce prix s'inscrit dans la sélection du prix Lignes d'Horizon