Bourg-la-Reine, ville des Hauts-de-Seine, comptant 18.500 Réginaburgiens, et Réginaburgiennes dispose d'une librairie dirigée par Bernard Guetteville. Les locaux, repris suite à un redressement judiciaire voilà 15 ans, présentaient à l'époque un loyer de 60.000 € par an, mais aujourd'hui, on est passé à 190.000 € annuels.
Mise en vente, presque obligatoire
Belle augmentation, qui présente les problèmes que l'on imagine. Avec une surface de vente de 800 m², la librairie Le verger des Muses est par ailleurs la seule indépendante dans un très large périmètre. « Nous concurrents directs sont Gibert et FNAC Forum, uniquement à cause du RER », nous explique le libraire.
Crédit photo Bourg la reine blog
Or, voilà, aujourd'hui Bernard souhaiterait prendre sa retraite et il a mis en vente son établissement, « pour des raisons mercantiles, c'est triste à dire ». C'est aussi, nous précise-t-il, un côté pernicieux de la loi Lang sur le prix unique du livre : « Nous n'avons pas la maîtrise de nos marges. Pendant un temps nous avons fait augmenter notre chiffre d'affaires pour parvenir à compenser la hausse de loyer, ou compenser la perte de l'exonération des frais de transport - 30.000 € pour cette année - ou encore le passage aux 35 h. Mais une fois que le chiffre d'affaires n'augmente plus, on se retrouve dans une situation délicate. »
Tristes raisons mercantiles
En plus, Le Verger dispose d'une autre enseigne à Corbeil (2500 m² de surface de vente) et pour sauver cet établissement, il faudrait vendre celui de Bourg-la-Reine. « Je ne vends pas pour priver la ville de la librairie au contraire, j'aimerais continuer. Et je ne peux pas laisser l'équipe. Si je trouvais un autre local plus petit, nous pourrions transférer le Verger et continuer, mais il n'existe rien actuellement qui le permet. »
Decitre, Gibert, et même Bertelsmann ont été contactés pour leur proposer de reprendre : « Ce serait compliqué pour un particulier, faisable, mais compliqué », ajoute Bernard.
Or, depuis quelques jours, un mouvement venu de ses concitoyens a pris forme. Contactée par ActuaLitté, Aimée Gourdol, responsable du comité citoyen nous explique « l'émoi qui s'est emparé des habitants en apprenant que M. Guetteville voulait vendre ». Les différents partis de l'opposition - la mairie est à droite - se sont engouffrés dans cette cause : MoDem, Verts, PS, PC et MRC ont ainsi lancé une pétition papier suivie d'une version en ligne.
Pétition et mouvement citoyen
Elles auront réuni 2000 signatures, de personnes venues de toute l'Île-de-France, mais surtout témoigne de l'implication des habitants de Bourg. Une implication qui touche notre libraire : « Ce sont 15 années de travail qui payent. Cette solidarité interroge sur la place du Verger dans la ville. Aujourd'hui, nous sommes dans l'incertitude, mais des propositions fusent. » Aimée Gourdol nous explique que des clients assidus ont évoqué la possibilité de reprendre à plusieurs l'établissement ou de créer une sorte de coopérative.
Samedi, les commerçants seront mis un peu à contribution. « La librairie est importante, elle représente un attrait pour la rue piétonne, de par sa situation géographique en plein centre-ville, mais elle sert également les autres commerces », estime Aimée Gourdol. Un blog a été mis en ligne pour défendre la librairie et attirer l'attention de chacun sur cette situation.
À l'heur où nous écrivons ces lignes, la mairie n'était pas joignable. On se désole cependant, dans les rangs de l'opposition de l'attitude passive et résignée du maire, qui fait valoir que l'entreprise étant privée, on ne peut rien faire. Manifestement, le président de la région IDF, Jean-Paul Huchon a été contacté, de même que le MOTif pour tenter de diffuser l'information et de faire avancer la situation. Le CNL aurait également été tenu informé.
Ne pas perdre la librairie
« Si un autre commerce venait à remplacer la librairie, ce serait une perte immense pour la ville. Nous ne voulons pas que le Verger disparaisse », conclut M. Gourdol.
Pour ceux qui seraient intéressés, rendez-vous donc samedi 28 novembre à 10 h pour participer à un rassemblement et une sensibilisation des commerces. Et dans l'après-midi, Jacques Weber sera en dédicace à la librairie, de 15 h à 17 h 30. « Cette prise de conscience de la part des habitants, mais également des personnes qui vivent dans la région montre avant tout que l'on sait désormais ce que l'on risque de perdre. C'est émouvant pour nous, parce que ça témoigne de la qualité de notre travail », nous précise Bernard Guetteville.