quelques années alors que certains se lançaient dans l'aventure. Système d'impression de livres à la demande, Espresso Book refait parler d'elle. Un peu comme pour les petites capsules de café individuelles, certains avaient cru à un bouleversement du marché. Mais si l'Espresso Book représente toujours une part très anecdotique de l'édition, son utilité semble bien confirmée.
Pas vraiment fait pour la production de volumes reliés en très grande série, la machine se veut surtout un outil d'impression rapide, à peine cinq minutes pour certains, d'ouvrages difficiles à se procurer en magasin. Son utilisation avec la bibliothèque Google Books semble donc toute trouvée. Mais Clare Dickens, auteure autoéditée y a plutôt vu un moyen de diffuser son écriture. U n récit autobiographique sur la relation mère-enfant sur fond de troubles bipolaires. Achevé peu après le suicide de son fils, Dangerous Gift retient l'attention d'un éditeur islandais. Mais décidée à mieux faire connaître la difficulté de vivre avec cette maladie, la mère ne s'arrête pas là.
À Washington, elle commence un travail de terrain en produisant via la machine des volumes pour les librairies locales. Depuis, le livre est devenu un véritable succès à la fois local grâce au maillage des libraires de la région et plus global via son site internet.
S'il n'est pas question pour la machine de rivaliser avec la littérature à faible coût comme l'ebook, l'autoédition semble prendre un pari gagnant. De meilleure qualité que les prestataires sur le net, la production pour l'exemple de Dickens coûte entre 8 et 10$ par livre pour une revente à 16$. Un calcul fort rentable. Et Bill Leggett, libraire et co-manager d'un exemplaire de la micro imprimerie ne dit pas autre chose. Une douzaine de livres de Dickens ont été vendus par ce biais en l'espace d'un mois. « Bien plus que certains auteurs issus de grandes maisons », indique-t-il.
Avec un potentiel d'un fond aussi large qu'Amazon en livres épuisés, éditions rares et autoédition, les libraires qui ont opté pour Espresso impactent favorablement l'édition locale. Et bénéficient d'une gestion de stock au coup par coup. Selon les estimations de Leggett, 90% des impressions concernent des auteurs locaux. Et lorsque l'on connaît la mission de prescription des libraires, de nouvelles perspectives ne font que s'ouvrir.
Si l'impression de classiques tombés dans le domaine public ne semble pas damer le pion du livre public, gratuit de fait, d'autres vénérables volumes pourraient bien en profiter. Leggett cite l'exemple un ouvrage épuisé de Mark Twain The Tragedy od Pudd'nhead Wilson de 400 pages vendu pour 12$. Si les tirages de la machine ne représentent que 4% des revenus d'une librairie Nortshire dans le Vermont, la publicité engendrée par l'Espresso est colossale et n'aurait pu être faite autrement. Il ne s'agit donc peut-être pas tant d'un outil pour créer de nouveaux cercles économiques de large ampleur, mais plutôt de trouver un autre stimulus à l'édition de jeunes auteurs et du lire local.
Conçue d'un partenariat avec Xerox, la machine instantanée a déjà été acquise par 70 libraires dans le monde.
L'impression à la demande pose en France un épineux problème dans le contexte de l'accord-cadre signé entre le SNE et Google Livres. En effet, la PoD fait en sorte que l'oeuvre soit disponible commercialement en permanence, empêchant les auteurs de retrouver leurs droits. (voir notre actualitté)