Brutes !!!
Cette magnifique séquence du Tour de Gaule d’Astérix est ce qui m’est spontanément venu à l’esprit à l’issue de la lecture de ce petit ouvrage collectif qui a fait pas mal le buzz lors de sa récente parution.
Derrière des témoins assez médiatisés par l’envergure de leur combat, comme Naomi KLEIN, sans pour autant en faire l’égérie d’un mouvement dans lequel de nombreux représentants des Première Nations du Canada sont également très largement impliquées, c’est de la destruction (« Brutes !!! ») d’une immense zone naturelle fragile, par des société internationales, pour en extraire des hydrocarbures (« Brut ! ») que traitent les témoignages de chacun des auteurs ayant collaboré à l’ouvrage.
Laisser-faire politique, aveuglement financier opéré par l’illusion de ce nouvel eldorado, cynisme entrepreneurial, inexpérience et isolement des Autochtones sont les ingrédients (pas les seuls malheureusement) de ce désastre que l’exploitation débridée des schistes bitumineux par de nombreuses compagnies pétrolières internationales dans le nord de l’Alberta, avec la complicité du Gouvernement Canadien, est en train de provoquer localement. Mais aussi, du fait de l’ampleur des opérations engagées, plus largement à une échelle mondiale.
L’occasion pour les auteurs d’en appeler au changement des mentalités, au changement de paradigme vis-à-vis de l’économie, de l’énergie, des ressources renouvelables et de l’environnement. Avec la remise en cause du concept du Throwing away (l’acte du « jeter », la notion de « déchet ») qui est le symbole de la civilisation capitaliste et néo-libérale ? Concept qui est totalement absent chez les autochtones d’Amérique du Nord (mais de bien d’autres endroits sur terre aussi) pour qui tout fait partie de cycle de la vie et s’intègre dans un processus d’utilisation circulaire où l’away n’existe pas.
L’occasion de montrer comment l’offre de ces emplois exilés permet aux entreprises de bénéficier d’une main d’œuvre totalement indifférente à l’avenir d’un sol que leurs pieds ne foulent que momentanément, le temps d’amasser assez d’argent et retourner vivre chez eux, dans un ailleurs qui a ainsi pu être préservé. Alors que les occupants historiques de ce sol dévasté n’ont plus d’ailleurs qui puisse les accueillir.
L’occasion de proposer une nouvelle réflexion sur le futur par la lunette du Small is beautiful.
Un livre à faire connaître partout autour de soi, même si, personnellement, je ne peux que regretter l’épaisseur du témoignage : si fin face à un sujet si épais.
Brutes !!!