Plus que tout autre roman semble-t-il, ce livre EST l'Islande, "à peine habitable les mauvaises années". Derrière ses pages, soufflent le vent, la tempête sur l'océan noir et agité. Les mains qui les tournent, malhabiles, sont comme imprégnées d'humidité. Asséchés par le sel, les doigts, meurtris par l'air glacial et engourdis par le gel, semblent ainsi, eux-aussi, prêts à remonter les filets de pêche, enserrer une jolie fille ou tenir fermement les verres qui s'entrechoqueront jusqu'au petit matin. Derrière ses pages, résonnent aussi les jurons et l'amertume, au sujet des Américains ou des quotas de pêche, les remords, les mensonges et les peines qui se mélangent gracieusement avec la poésie de Sigurjónsson, la musique de Bach ou des Pink Floyd ou même le silence, plus expressif ici qu'ailleurs.