Dans son riche ouvrage, appuyé sur de vastes archives, le journaliste Maurin Picard explore le soutien discret mais significatif, de responsables gaullistes à l'indépendance du Katanga, entre 1960 et 1962.
En 1960, peu après l'indépendance du Congo, la province du Katanga fait sécession sous la direction de Moïse Tshombe, proclamant son indépendance en tant qu'État. La France percevait alors la vaste province comme une enclave pro-occidentale au sein du Congo post-colonial, marqué par l'instabilité et les tensions géopolitiques liées à la Guerre Froide.
L'aide française à cette indépendance, orchestrée dans l'ombre par le « Monsieur Afrique » du général, Jacques Foccart, a inclus l'envoi de mercenaires, et par n'importe lesquels : des aventuriers aussi sublimes que "controversés", comme Roger Trinquier et Bob Denard, ont été recrutés, discrètement, parmi l'élite militaire, et autres légionnaires et parachutistes, pour soutenir cette cause séparatiste gonflée à l'hélium. À quoi s'ajoutent du matériel militaire et un soutien financier, sinon restez chez vous finalement, non ?
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Cette région devient le théâtre d'affrontements entre les forces de l'ONU et ces mercenaires aguerris, qui utilisent des tactiques de guérilla perfectionnées durant les conflits en Indochine et en Algérie pour défier cette force internationale bien plus nombreuse. Les « affreux » infligent aux 16.000 hommes qui leur font face une défaite militaire retentissante. Cocorico !
L'arrangement tacite avec l'État français s'inscrivait dans la politique du « feu orange ». Tant qu'ils restaient non capturés, leur lien avec la France resterait non officiel et discrètement soutenu. En cas de capture ou d'exposition publique, ils seraient dissociés de toute affiliation officielle avec le gouvernement de notre beau pays...
L'objectif de la France était double : contrer l'influence soviétique dans cette région riche en minéraux précieux comme l'uranium et le cuivre, et étendre l'influence française sur le continent.
Cette intervention a rapidement entraîné des complications, confrontant les intérêts français aux puissants consortiums miniers anglo-belges déjà établis dans la région, avec derrière nos "alliés" les américains... Le gouvernement français se retire finalement de cette galère, pour se lancer plus tard dans d'autres aventures tout aussi folles, comme l'horrible Guerre du Biafra.
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Dans le cas du Katanga, les ambitions postcoloniales de la France se sont heurtées aux réalités politiques et économiques sur le terrain. Cet échec révèle également les tensions internes au sein de l'État français, où les diplomates en poste à Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa, étaient fréquemment en désaccord avec les actions menées par le ministère des Armées, soit une discordance notable entre les objectifs militaires et diplomatiques.
Maurin Picard dépeint une aventure héroïque, tout en retraçant les dessous complexes et cyniques de la raison d'État. Le journaliste expose avec brio les jeux d'influence et autres stratégies clandestines à plusieurs bandes. Il nous plonge au cœur d'une époque où la moralité se teinte des couleurs de la nécessité, et où la France n'avait pas abandonné ses ambitions de puissance.