De son vivant, Joseph Staline terrifie… Une fois mort, il encombre !!! La mort de Staline (Dargaud) de Fabien Nury et Thierry Robin évoque en deux tomes l'agonie et le décès de Joseph Vissarionovitch Djougachvili, puis l'infernale guerre de succession qui en découle.
On retrouve dans cette histoire tous les éléments communs aux pires dictatures : culte de la personnalité, arbitraire généralisé, et la terreur érigée en mode de gouvernement. Mais elle est profondément émouvante en ce qu'elle illustre la trahison d'une utopie, la dernière du vingtième siècle et peut-être la plus belle : le communisme.
Dans le premier volume, le ton est à la farce glaçante et sinistre : personne n'ose s'approcher du malade de peur d'éventuelles représailles, le matériel médical ne fonctionne pas (faute de prise secteur conforme !), l'autopsie a lieu dans un garage, etc.
La Mort de Staline,
Fabien Nury et Thierry Robin
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Mélange de vérité historique, de supputations et de déductions, totalement convaincant : on le sait, la réalité dépasse toujours la fiction... Le second volume qui vient de paraître nous promène dans les coulisses des funérailles, et dans les réunions de "camarades" dirigeants se disputant le pouvoir fraîchement vacant.
Si le titre de cette histoire est La mort deStaline, c'est à mon sens une troïka qui est à l'œuvre - nous sommes bien en Russie ! - avec l'Alpha et l'Omega de la nature humaine à travers, outre Staline, deux autres personnages essentiels.
Le ministre de l'intérieur Lavrenti Beria, c'est le mal absolu : violeur, assassin, une bête malfaisante. La pianiste Maria Yudina, c'est le courage et la liberté de pensée. Grande pédagogue, interprète visionnaire, son tempérament de feu l'amène à se dresser face à Staline dans des circonstances demeurées célèbres !
Sommée d'enregistrer un concerto de Mozart pour plaire au dictateur, elle s'exécute, mais lui écrit qu'elle abandonne son cachet pour la reconstruction d'une église détruite sur ses ordres et prie pour que Dieu lui pardonne ses crimes !!!
Il y a des scènes d'anthologie dans ce volume deux : les délires du fils de Staline, la douleur de sa fille, les discussions qui agitent la galerie de psychopathes et de criminels qui occupent le sommet de l'état, que Thierry Robin croque avec son trait acéré et cruel. Et tous ces loups se dévorent entre eux…
Seuls, de
Gazzotti et Vehlmann
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Craignant - à juste raison - d'être liquidés par un Beria détenteur des pleins pouvoirs, les autres membres du gouvernement le prennent de vitesse et le condamnent à être fusillé pour trahison.
Pendant ce temps, lors d'une répétition, Maria Yudina raconte une bonne blague sur les autorités.
L'humour survit aux dictateurs et l'art est éternel, alors que les hommes...
Mais jetez un coup d'œil à celui-ci...
Seuls (Dupuis) de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti est une des histoires les plus étonnantes publiées dans Le journal de Spirou ! Lointainement inspiré par Sa majesté des mouches de William Golding, cette bande dessinée fantastique est riche de méandres psychologiques surprenants.
Le tome 7 qui vient de paraître est particulièrement angoissant : il fait honneur à cette série qui ne faiblit pas !!!