Vous avez été enthousiasmé par l’Arabe du Futur 1 et 2, êtes impatient de découvrir le 3ème volet (prévu en juin), alors la nouvelle série de , les Cahiers d’Esther, (sortie en janvier) saura, sans aucun doute et avec grand bonheur, devenir l’alternative heureuse et réjouissante à votre attente.
Un nouveau récit d’enfant ordinaire et presque familier, et en même temps, si singulier, mis en relief par une tonalité extrêmement juste, très personnelle et hautement talentueuse.
Empreinte d’une spontanéité naturelle, drôle et sans effets appuyés, cette nouvelle histoire attache, sensible et intelligente, très précise même dans sa description de la société française. Loin de la caricature cynique, un brin acide mais surtout très tendre et plutôt positive, elle est un régal familial, un pur divertissement.
Capable aussi, en second lieu, l’air de rien et avec bonne humeur, de mieux saisir les préoccupations de la jeunesse actuelle, d’approcher une génération parfois jugée « insaisissable » lorsqu’on a passé 40 ans. D’être aussi, un miroir sur mesure de nos comportements, méritoires ou pas.
Ce regard d’enfant posé sur la famille, les adultes et la société en général, subtilement réécrit et illustré par Riad Sattouf, convainc par son honnêteté, son sens du détail incisif, jamais blessant, mais toujours très vif et pertinent.
Prépubliées dans le magazine l’Obs l’an dernier, les histoires d’Esther devraient se décliner en huit albums pour suivre la fillette jusqu’à l’âge de 18 ans.
Inspirées d’un personnage réel, la fille d’un couple d’amis, ces 52 scènes de la vie quotidienne, pleines de fraîcheur, racontent une jeunesse d’aujourd’hui en France, ancrées dans un milieu populaire, celui des classes moyennes, sans spécificité particulière si ce n’est de plutôt bien représenter l’habituel, le courant, et nous-mêmes sans doute un peu (voire beaucoup).
Avec l’impression de ne rien déformer ni exagérer, avec finesse et drôlerie, Riad Sattouf livre au lecteur la vie d’une petite fille plutôt joyeuse et amusante, dans l’air du temps, accompagnée d’un père héroïque et protecteur, d’un frère ado « abruti, bête et chiant » fragile et en construction et d’une mère plus en retrait. Une famille ordinaire et aimante, plutôt équilibrée, avec des principes éducatifs pleins de bons sens, attentive et respectueuse, tolérante et ouverte. Pas vraiment compliquée et tellement vivante !
Des courses à Saint-Maclou le samedi, aux vacances en Bretagne chez la grand-mère, des jeux à la récré, pas toujours inoffensifs, de la discrimination aux inégalités sociales douloureuses, des premiers émois amoureux, aux rêves de célébrités très stéréotypées ou de l’IPhone dernière génération, Esther, est sans conteste, représentative de son époque, à la fois banale et pourtant irrésistible, gracieuse et maligne. Sans artifice. Tellement réelle qu’elle devient aussitôt complice avec le lecteur. Tout disposé alors à la regarder grandir en parallèle avec son voisin, l’Arabe du futur.